Sélection galerie : Brice Marden chez Gagosian
Sélection galerie : Brice Marden chez Gagosian
Par Philippe Dagen
La dernière rétrospective consacrée à cet artiste que l’on a pu voir à Paris s’est tenue en 1992, d’où l’intérêt de cette exposition intitulée « Morocco », jusqu’au 1er juin.
Les occasions de voir en France des œuvres de Brice Marden, ce que propose la galerie Gagosian à Paris avec l’exposition « Morocco », sont regrettablement rares. La rétrospective qui a eu lieu au MoMA de New York en 2006 n’a pas traversé l’Atlantique, de sorte que la dernière que l’on a pu voir à Paris s’est tenue en 1992. Pourquoi cette absence ? Peut-être parce que la peinture de Marden déjoue les classements.
Tout en étant abstraite et se composant pour partie de monochromes juxtaposés ou superposés, elle est une forme de paysagisme sensible à la couleur des sols, à celle des arbres et à la qualité de la lumière – ici celle du Maroc où l’artiste, né en 1938, séjourne régulièrement depuis plusieurs décennies. Mais il en est de même quand il peint dans l’île grecque d’Hydra ou dans son atelier au nord de New York. Donc, ses toiles sont et ne sont pas abstraites simultanément et toute assimilation au minimalisme serait erronée – ou ce serait un minimalisme impressionniste et contemplatif.
Danse de couleurs
Une seule toile en relève dans l’exposition, entourée d’une soixantaine d’œuvres sur papier, à l’encre ou à la gouache, d’une exécution tout autre. Dans la plupart d’entre elles, des lignes sinueuses fines s’enchevêtrent, nœuds de longs serpents rouges, jaunes ou gris. Il en émane des sensations de lenteur et de volupté et toute comparaison avec Jackson Pollock serait, là encore, simpliste car, bien plus que d’expressionnisme dynamique, c’est de chorégraphie qu’il s’agit, d’une danse de couleurs dans un espace peu profond.
Entre ces œuvres mouvantes s’intercalent d’autres papiers encore différents, immobiles et muets : on ne peut, pour en donner une idée, qu’évoquer des surfaces de pierre grise creusées de cupules ou marquées de signes rangés en lignes : des stèles dont l’inscription ne pourra pas être déchiffrée.
« Helen’s Moroccan Painting » (1980), de Brice Marden, huile et cire sur toile. / © 2019 BRICE MARDEN / ARTISTS RIGHTS SOCIETY (ARS), NEW YORK
« Morocco », de Brice Marden. Galerie Gagosian, 4, rue de Ponthieu, Paris 8e. Tél. : 01-75-00-05-92. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 1er juin.