Retraites : Force ouvrière suspend sa participation à la concertation
Retraites : Force ouvrière suspend sa participation à la concertation
Par Raphaëlle Besse Desmoulières
Cette décision fait suite à la cacophonie gouvernementale sur un éventuel recul de l’âge de départ à la retraite. Elle est cependant symbolique, la concertation prenant fin début mai.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, sur le perron de l’Elysée, en décembre 2018. / LUDOVIC MARIN / AFP
Force ouvrière a décidé de suspendre sa participation à la concertation sur la réforme des retraites. Une lettre en ce sens, que Le Monde s’est procurée, a été envoyée mardi 16 avril à Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé du dossier. Cette décision intervient après la récente cacophonie gouvernementale sur un éventuel recul de l’âge de départ à la retraite.
C’est le secrétaire général de FO Cadres, Eric Pérès, qui a fait état de ce courrier mercredi sur Twitter. « FO suspend sa participation à la concertation sur la réforme des retraites. Dans un courrier adressé au Haut-commissaire @delevoye, @YVeyrier [secrétaire général de FO] précise que le sens et l’objectif de la concertation sont mis en cause par plusieurs membres du gouvernement, dont le premier ministre lui-même », a-t-il écrit.
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— PERESERIC (@PERES)
FO est la première organisation syndicale à prendre ses distances avec la méthode mise en place par M. Delevoye il y a plus d’un an. Le courrier est signé du numéro un de l’organisation, Yves Veyrier, ainsi que de Philippe Pihet, chargé du dossier à la confédération. Si les deux responsables rappellent d’emblée leur opposition de départ à un système par points, ils soulignent que des engagements avaient été pris « dès le début des concertations » et réaffirmés, le 10 octobre 2018, par M. Delevoye et Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. « Nous avions compris que la réforme ne conduirait pas à mettre en cause l’un de ses paramètres en termes d’ouverture des droits, celui de l’âge légal, indiquent-ils. Lors des rencontres bilatérales, cela n’a jamais été ni contredit, ni remis en cause de votre part. »
« On est plus dans le symbolique »
Les deux signataires renvoient M. Delevoye à ces engagements. « Ces dernières semaines, en dehors de la concertation conduite sous votre autorité, tant la question de l’âge légal que celle de la durée d’activité ont été soulevées, comme paramètres de la réforme des retraites, par plusieurs membres du gouvernement, dont le premier ministre lui-même », déplorent-ils.
Plusieurs poids lourds du gouvernement ont en effet ouvertement plaider pour reculer cette borne d’âge, fragilisant de fait la concertation menée par Jean-Paul Delevoye. Ce dernier a, lui-même, mis en garde l’exécutif : si la réforme des retraites devait se traduire par un relèvement de l’âge minimum pour payer les pensions, il quittera son poste. Depuis, chacun attend de savoir ce que décidera Emmanuel Macron. Jeudi, une réunion sur la réforme est prévue à Matignon, en présence notamment d’Edouard Philippe, M. Delevoye et Mme Buzyn.
Début avril, M. Veyrier avait déjà pris la plume pour demander au premier ministre une « clarification » sur le sujet. Courrier auquel il n’a pas reçu « de réponse directe », avait-il indiqué au micro de Radio Classique, le 11 avril. « Dans ces conditions, écrivent les deux hommes à M. Delevoye, nous vous informons que nous suspendons notre participation, ne souhaitant pas apparaître comme cautionnant une réforme décidée sans réelle prise en considération des analyses, positions et revendications que nous portons. »
L’idée pour FO est surtout de marquer le coup ; la concertation se terminant début mai. « On est plus dans le symbolique, reconnaît M. Pihet. Mais nous ne sommes pas dupes : le gouvernement a torpillé les discussions, ce n’est pas dans le bureau de M. Delevoye que ça se passe. » Dans le calendrier prévu, le haut-commissaire devrait présenter ses recommandations sur la réforme avant l’été afin que le projet de loi puisse être voté avant la fin de l’année. « En revanche, quand le projet de loi sortira, nous irons évidemment porter la contradiction », précise Philippe Pihet.