Le nombre de nourrissons vaccinés est en hausse
Le nombre de nourrissons vaccinés est en hausse
Par François Béguin
En vigueur depuis début 2018, le passage de trois à onze vaccins obligatoires est un succès.
En matière de couverture vaccinale, « la protection collective des nouvelles générations est proche ». La ministre de la santé, Agnès Buzyn, en a fait l’annonce, jeudi 18 avril, à l’occasion du lancement de la Semaine européenne de la vaccination. A l’appui de cette prophétie, la publication détaillée des premiers chiffres du passage de trois à onze vaccins obligatoires chez les enfants âgés de moins de deux ans. La mesure, entrée en vigueur le 1er janvier 2018, avait été prise pour faire face à la montée de l’« hésitation vaccinale » et la résurgence de certaines maladies, comme la rougeole.
Détaillant un chiffre déjà dévoilé le 25 mars lors d’un comité interministériel à la santé, une étude réalisée par Santé publique France fait état d’une nette progression (+ 5 points) de la proportion d’enfants immunisés avec un vaccin hexavalent, qui passe en un an de 93,1 % à 98,6 % chez les nourrissons âgés de 7 mois. La progression est spectaculaire dans certaines régions : + 8,4 points en Auvergne-Rhônes-Alpes ou + 8,7 points en PACA. Ce bond permet mécaniquement d’améliorer la couverture contre l’hépatite B, l’une des six valences du vaccin hexavalent avec la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et l’Haemophilus influenzae de type b.
« Gain de couverture »
Un bon résultat qui permet « d’envisager à terme le contrôle de cette infection », se félicite en préambule de l’étude Alain Fischer, professeur d’immunologie pédiatrique et président du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination, qui s’était prononcé en faveur de l’extension du nombre de vaccins obligatoires.
Autre chiffre encourageant : la hausse en flèche de la couverture vaccinale de la première dose du vaccin contre le méningocoque C (méningite) à l’âge de 7 mois, qui passe de 39,3 % en 2017 à 75,7 % en 2018, soit un gain de + 36,4 %. Une hausse également enregistrée – dans des proportions moindres – dans toutes les tranches d’âge comprises entre 2 et 19 ans. Pour l’instant, « l’objectif de couverture vaccinale de 95 % à l’âge de 2 ans n’est atteint dans aucune région », note toutefois Santé publique France.
Alors que 2 913 cas de rougeole ont été enregistrés en 2018 en France, entraînant trois décès, il est trop tôt pour mesurer les effets de la vaccination obligatoire contre la rougeole. Le vaccin ROR (rougeole, oreillon, rubéole) n’étant injecté aux enfants qu’à partir de l’âge de un an, l’obligation n’est effective que depuis janvier 2019. Les autorités sanitaires relèvent cependant d’ores et déjà une hausse de 2,2 points pour la première dose du vaccin ROR, de 85 % à 87,2 %. « Ce gain de couverture ne peut être attribué directement à l’obligation vaccinale mais peut être lié à la communication faite autour de cette obligation et de la vaccination en général », relève Santé publique France, pour qui cette augmentation « peut également être liée à l’épidémie actuelle de rougeole ».
Des craintes infondées
Selon deux sondages menés par ailleurs pour Santé publique France, deux tiers (67 %) des parents se disent aujourd’hui favorables à cette extension de trois à onze vaccinations, « parmi lesquels 10 % ne l’étaient pas en décembre 2017 ». Autre évolution notable : la décision de retarder un vaccin par « hésitation vaccinale » est en diminution de trois points, passant de 25 % en juin 2018 à 22 % en 2019. De façon générale, davantage de parents pensent que la vaccination est importante pour la santé des enfants (91 %, + 5 points entre juin 2018 et février 2019) et pour la protection de la collectivité.
Pour Alain Fischer, les craintes « d’un possible effet contre-productif » de l’extension de l’obligation vaccinale se sont donc « avérées infondées ». Un an et deux mois après les sévères critiques de la Cour des comptes qui avait jugé que les pouvoirs publics n’avaient pris jusque-là que des mesures « partielles », « mal coordonnées » et « insuffisantes » face à la résurgence de certaines maladies, le chercheur estime que la politique actuelle s’avère « indiscutablement être un succès » qui « laisse entrevoir le fait que la France rejoigne à terme le rang des pays “bons élèves” de la vaccination et de la prévention des maladies infectieuses graves ».