Les 200 millions donnés à Notre-Dame de Paris par Bernard Arnault ne seront pas défiscalisés
Les 200 millions donnés à Notre-Dame de Paris par Bernard Arnault ne seront pas défiscalisés
Par Juliette Garnier
Le PDG de LVMH dévoile que les dons promis au chantier par sa famille et son groupe ne relèveront pas de la loi sur le mécénat.
Bernard Arnault, PDG de LVMH, le 29 janvier 2019, à Paris, lors des résultats du groupe. / ERIC PIERMONT / AFP
Bernard Arnault a tenté de mettre fin à la polémique. Le PDG de LVMH a rappelé les conditions dans lesquelles seront effectués les deux dons de 100 millions d’euros que le groupe français de luxe et la holding familiale Arnault ont promis, lundi 15 avril, pour financer le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
« La loi sur le mécénat ne s’applique pas », ni à l’un, ni à l’autre a-t-il précisé devant les actionnaires du groupe réunis en assemblée générale, jeudi 18 avril, au Carrousel du Louvre à Paris. Le groupe LVMH ne peut bénéficier d’une défiscalisation puisque le groupe de luxe détient la fondation Louis Vuitton et aurait atteint le plafond légal de défiscalisation. Et la famille qui a aussi annoncé un don de 100 millions d’euros pour financer le chantier de la cathédrale ne peut pas y prétendre puisqu’elle ne génère « pas de chiffre d’affaires », selon le PDG, par ailleurs troisième fortune mondiale. Dès lors, ni LVMH, ni la famille Arnault ne peuvent défiscaliser une partie de leurs dons, selon le dirigeant.
Déception
Plusieurs élus et syndicalistes s’étaient émus de la fiscalité appliquée sur les dons promis par nombre d’entreprises françaises pour financer le chantier de reconstruction de l’édifice gothique. Depuis la loi Aillagon de 2003, les entreprises françaises investissant dans le mécénat peuvent déduire de leurs impôts 60% des dépenses engagées, dans la limite de 0,5% de leur chiffre d’affaires. « C’est la collectivité publique qui va prendre l’essentiel [des frais de reconstruction] en charge ! déplorait mardi, dans Le Monde, Gilles Carrez, député Les Républicains (LR) du Val-de-Marne et rapporteur spécial du programme patrimoine pour la commission des finances de l’Assemblée nationale.
A son tour, mercredi 17 avril, François-Henri Pinault avait tenté de tuer cette polémique. « Il n’est pas question d’en faire porter la charge aux contribuables français », a assuré le président d’Artemis, holding de la famille Pinault, actionnaire majoritaire du groupe de luxe Kering. Lundi 15 avril, la famille de l’entrepreneur, avait annoncé qu’elle contribuerait à hauteur de 100 millions d’euros au chantier de reconstruction. Le lendemain, son service de communication a précisé que « la famille […] ne fera pas valoir l’avantage fiscal auquel ce don pourrait prétendre dans le cadre de la loi de 2003 sur le mécénat ».
Devant les actionnaires de son groupe, M. Arnault n’a pas caché sa déception de voir naître cette polémique en France, pays où, dit-il, « il y a toujours des critiques quoiqu’on fasse ». Félicité pour « sa générosité » par un actionnaire individuel qui s’est dit « très ému » de la catastrophe qui touche Paris, le PDG du groupe a incité la salle à « aller sur Internet et faire part de sa consternation » quant à la façon dont avait été accueillie sa promesse de don. Dans « beaucoup d’autres pays, on s’en serait félicité », a-t-il ajouté, sous les applaudissements.