Les réseaux sociaux Facebook et Whatsapp, tout comme Twitter, sont bloqués ou ralentis au Sri Lanka depuis le début dimanche 21 avril, en début d’après-midi. / NICOLAS SIX / QUENTIN HUGON / LE MONDE

Le gouvernement du Sri Lanka a décrété dimanche le blocage temporaire de plusieurs réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d’« informations incorrectes et fausses » liées à la vague d’attentats qui a frappé l’île, faisant au moins 158 morts. Facebook et Whatsapp, tout comme Twitter, sont bloqués ou ralentis au Sri Lanka depuis le début dimanche 21 avril en début d’après-midi.

« Le gouvernement a décidé de bloquer toutes les plateformes de réseaux sociaux dans le but d’empêcher la propagation d’informations incorrectes et fausses. Ceci est seulement une mesure temporaire », a fait savoir la présidence dans un communiqué.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement sri-lankais décide de bloquer l’accès à Facebook. Il y avait déjà eu recours durant plusieurs jours en mars 2018 dans l’espoir d’endiguer la flambée de violences intercommunautaires. Celles-ci se propageaient dans le centre du Sri Lanka et des militants de ce pays ravagé par près de trois décennies de guerre civile avaient alerté Facebook au sujet de plusieurs messages haineux contre la minorité musulmane, en vain.

Des associations pointent l’instrumentalisation répétée de Facebook

Il faut dire qu’en 2012, le réseau social avait déjà servi de véhicule à la propagation de la haine. L’éclatement d’émeutes entre bouddhistes et musulmans avait causé la mort, officiellement, de plus de 200 personnes au Sri Lanka. Si la page Facebook du moine bouddhiste islamophobe Ashin Wirathua a été supprimée en février 2018, un certain nombre d’associations pointaient encore récemment l’instrumentalisation répétée du réseau social.

Au Sri Lanka, dès septembre 2014, un institut de recherche sur la stabilité de l’île, le Center for Policy Alternatives (CPA), avait publié un rapport détaillant une vingtaine de groupes de discussion en cinghalais appelant à la haine sur Facebook. L’organisation CPA avait ensuite traduit à Facebook en anglais les messages de haine puisque le groupe semblait ne pas s’intéresser à la langue locale.

« Dans certains pays, nous avons constaté que de fausses informations pouvaient déboucher sur de la violence physique. Au Sri Lanka, par exemple : nous aurions pu faire plus et nous allons faire plus » avait expliqué Tessa Lyons en juillet 2018 au « Monde », une des responsables de l’équipe chargée de la lutte contre les fausses informations au sein de Facebook. L’entreprise a donc mis à jour ses règles et a déjà commencé à supprimer de fausses informations aux effets potentiellement violents. Au Sri Lanka, le réseau social explique avoir ainsi supprimé des messages affirmant que les musulmans empoisonnaient de la nourriture consommée par des bouddhistes.

Mis à part le blocage des réseaux sociaux, un couvre-feu est par ailleurs entré en vigueur dimanche « jusqu’à nouvel ordre », a annoncé la police. Le ministère de la défense avait initialement annoncé que le couvre-feu entrerait en vigueur à 18 heures locales (14 h 30 heure de Paris) pour une durée de douze heures. Des explosions meurtrières ont frappé des églises et hôtels de la capitale Colombo, ainsi que deux autres villes de l’île d’Asie du Sud.