Après Notre-Dame, une messe de Pâques de « renaissance » à l’église Saint-Eustache
Après Notre-Dame, une messe de Pâques de « renaissance » à l’église Saint-Eustache
Par Louise Couvelaire
Près de 2 000 personnes sont venues écouter l’homélie de l’archevêque de Paris, près d’une semaine après l’incendie de la cathédrale.
Pour cette messe de Pâques exceptionnelle, près de 2 000 personnes ont fait la queue pour venir écouter l’homélie de l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit. / LIONEL BONAVENTURE / AFP
Roseline, parisienne de 76 ans, avait « envie d’être au milieu d’une foule chrétienne ». Lyndale, son mari d’origine américaine, parle d’un besoin de « communion », avec les catholiques, mais pas seulement, « avec le passé aussi », « avec l’histoire », « avec le monde, qui s’est montré solidaire au-delà de ce que nous pouvions imaginer ». Giovanni, touriste italien de 55 ans venu en famille, se réjouit de la « renaissance » d’une « religion que beaucoup disent morte ». « L’incendie de Notre-Dame aurait pu être le signe de la fin, c’est tout le contraire, c’est la vie », sourit-il.
Ce matin, dimanche 21 avril, ils se sont pressés à l’église Saint-Eustache, dans le 1er arrondissement de Paris, où la messe du jour de Pâques, célébrée en « union avec Notre-Dame », victime d’un important incendie six jours plus tôt, avait été délocalisée. Tous louent le « renouveau » de l’Eglise catholique, auquel ils croient dur comme fer après des mois, des années, de scandales sexuels.
Comme eux, près de 2 000 personnes ont fait la queue pour venir écouter l’homélie de l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, et se recueillir « avec une ferveur que l’on ne voit pas souvent », remarque un bénévole de l’église, le regard vers une poignée de fidèles à genoux. La nef (qui compte plus de 1 000 chaises) était comble, le déambulatoire, situé derrière le chœur, fourmillait. Des dizaines de croyants sont restés à la porte.
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Salve inattendue d’applaudissements
Mgr Aupetit a rendu un hommage appuyé aux pompiers, dont certains étaient assis au premier rang, aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de la tête de liste LRM pour les élections européennes, Nathalie Loiseau. « Quand un moment, nous avions pensé que les beffrois pouvaient tomber aussi, ces tours de Notre-Dame si connues à travers le monde, le savoir-faire, le courage se sont unis aussi à la prière de tous les fidèles », a déclaré l’archevêque de Paris, s’adressant tout particulièrement aux représentants des services d’incendie et de secours, à qui il a remis un lectionnaire (livre liturgique contenant des passages de textes religieux) « abîmé et encore plein de cendres » sauvé du brasier. Ce geste a provoqué une salve inattendue d’applaudissements, d’ordinaire proscrits dans les églises catholiques.
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Face au spectacle « à pleurer » des flammes ravageant la cathédrale lundi 15 avril qui nous a « flanqué un vrai coup », Roseline et Lyndale ont eu le souffle coupé, avant de respirer à nouveau. « Les églises sont vandalisées et personne n’en parle, regrette Roseline. Les gens ne parlent que des drames sexuels, et il faut le faire, mais personne ne dit jamais rien de positif sur l’Eglise. Là, de voir ce que l’incendie a provoqué comme élan, ça nous a fait beaucoup de bien. On en avait besoin. » « C’est un moment de renaissance pour nous tous », abonde Giovanni.
Debout contre une colonne, dans le déambulatoire, Meghan et ses deux copines, trois catholiques de 20 ans originaires de Long Island, à New York, en visite dans la capitale française, n’auraient boudé Saint-Eustache pour rien au monde. Cela faisait des mois que les trois jeunes filles, étudiantes dans une école d’infirmières en Irlande, avaient programmé leur voyage à Paris et prévu d’assister à la messe du dimanche pascal à Notre-Dame. La déception de ne pouvoir pénétrer dans la cathédrale a vite fait place « à la joie » de se sentir « appartenir à une communauté vivante, au cœur d’une culture plus grande encore que l’Eglise ».
Tout comme Julien, 39 ans, venu d’Angers (Maine-et-Loire) avec sa femme et ses quatre jeunes enfants, « heureux » d’être là, à Saint-Eustache, au milieu de centaines de fidèles à qui, comme lui, « ça ne fait pas de mal de sentir une union sincère et bienveillante ».
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