Bpifrance, qui a lancé à l’automne 2016 un « prêt croissance » bonifié, accessible en ligne, va étendre cette offreaux Hauts-de-France, à la Normandie et aux régions Centre et Auvergne-Rhône-Alpes. | ERIC PIERMONT / AFP

Toutes les entreprises ne profitent pas à plein de la dynamique actuelle du crédit bancaire. Les banques françaises enregistrent depuis plusieurs mois des hausses significatives de leurs encours, mais le total du flux de crédit aux très petites entreprises (TPE) a eu tendance à reculer en 2016 par rapport à l’année précédente.

C’est dans ce contexte que l’économiste Frédéric Boccara devait présenter, mercredi 15 mars, un projet d’avis sur « Les PME-TPE et le financement de leur développement pour l’emploi et l’efficacité », qui sera soumis au vote de l’assemblée plénière du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce texte, dont Le Monde a obtenu copie, formule une série de recommandations concrètes pour « réconcilier [les] statistiques bancaires et [le] ressenti » d’un certain nombre de petites entreprises qui n’accèdent pas au crédit.

Partant du constat que « la France est, avec la Grèce, le seul pays de la zone euro où la demande de financements se trouve supérieure à l’offre », le rapporteur préconise notamment d’actionner des leviers publics pour faciliter l’accès au crédit des TPE. Il recommande en particulier de changer la dimension de Bpifrance, la banque publique d’investissement connue pour son soutien aux PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI), afin qu’elle puisse « viser l’ensemble des TPE et promouvoir une autre sélectivité du crédit ».

Le CESE se penche plus particulièrement sur l’épineuse question du financement des dépenses immatérielles des TPE (dépenses pour la création d’un site Internet, le marketing, la formation du personnel, la recherche et développement…), qui ne rentrent pas encore dans la logique traditionnelle des banques. Celles-ci prêtent en effet beaucoup plus facilement aux entreprises qui souhaitent financer des biens physiques (immobilier, véhicules utilitaires, machine-outil…), car ces actifs peuvent être en mis en garantie.

Faciliter la mutation numérique

Aussi le projet d’avis du Conseil économique et social recommande-t-il de faciliter la transformation numérique des petites entreprises « par des prêts de moyen terme aux dépenses immatérielles sans caution personnelle et sans garantie, en généralisant et en amplifiant dès 2017 le prêt croissance TPE proposé de façon expérimentale par Bpifrance ».

La banque publique y travaille déjà. Elle a lancé à l’automne 2016 un « prêt croissance » bonifié, accessible en ligne, en Bretagne puis en Ile-de-France, en partenariat avec ces régions, et étendra cette offre dans les prochains jours aux Hauts-de-France, à la Normandie et aux régions Centre et Auvergne-Rhône-Alpes.

La Médiation du crédit, le dispositif public mis en place depuis 2008 pour aider les entreprises rencontrant des difficultés avec une banque, s’est également emparée du sujet et publiera avant l’été un rapport sur le financement de l’immatériel. « Dans certains secteurs, une PME ou même une TPE qui n’entamera pas sa transition numérique sortira du marché et ne pourra pas survivre. Aussi le financement des investissements nécessaires à cette transition est une question qui intéresse aujourd’hui toutes les banques de la place », souligne Fabrice Pesin, le médiateur du crédit.