Présidentielle en Macédoine du Nord : vers un second tour incertain
Présidentielle en Macédoine du Nord : vers un second tour incertain
Le Monde.fr avec AFP
Le premier tour, ce dimanche, a été marqué par un taux d’abstention record de près de 60 %, en l’absence du nationaliste Gjorge Ivanov qui termine son second mandat.
Le candidat Stevo Pendarovski s’adresse aux journalistes après avoir voté à Skopje, le 21 avril. / OGNEN TEOFILOVSKI / REUTERS
Les candidats de droite et de gauche s’affronteront dans un second tour indécis à la présidentielle en Macédoine du Nord le 5 mai, à l’issue d’un premier tour marqué dimanche 21 avril par une participation historiquement faible, signe de la défiance des citoyens de ce pays des Balkans.
L’accord historique avec la Grèce qui a entraîné le changement de nom du pays en « Macédoine du Nord », a suscité l’enthousiasme de l’Occident. Beaucoup moins celui des 1,8 million d’électeurs, puisque selon la commission électorale, à peine plus de quatre sur dix se sont déplacés (41 %), le plus faible taux depuis l’indépendance de l’ex-République yougoslave en 1991.
Après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, Stevo Pendarovski, 56 ans, soutenu par les sociaux-démocrates au pouvoir (SDSM), et la candidate de l’opposition de droite Gordana Siljanovska-Davkova, 62 ans, sont au coude à coude (42,63 % et 42,39 %). Celui qui finira en tête dans deux semaines n’est toutefois pas assuré de succéder au nationaliste Gjorge Ivanov, adversaire résolu du changement de nom qui ne pouvait se représenter après deux mandats à ce poste largement honorifique.
La minorité albanaise au cœur du second tour
Il faudra en effet atteindre encore la barre de 40 % de participation, quorum requis pour valider le scrutin. Les électeurs du représentant de la minorité albanaise (20 à 25 % des 2,1 millions d’habitants), Blerim Reka, 59 ans, crédité d’environ 11 %, ont donc la clé du second tour. S’ils ne retournent pas voter, il pourrait être difficile d’atteindre la barre fatidique. Un échec sur ce point plongerait le pays balkanique dans l’incertitude politique.
« Le vote est un honneur, un droit et un devoir civique », a déclaré en votant le premier ministre social-démocrate Zoran Zaev, conscient du risque. Il a reconnu qu’un échec à atteindre le quorum déclencherait « une nouvelle crise politique », avec de possibles élections anticipées.
En votant, Stevo Pendarovski a promis que sa victoire permettrait à son pays « de se développer et d’intégrer, dans un certain temps, les structures euro-atlantiques » après l’accord avec la Grèce négocié par son camp et en vigueur depuis le début de l’année. En échange, Athènes, qui estime que « Macédoine » est le nom exclusif de sa province autour de Thessalonique, a levé son veto à l’adhésion de son petit voisin à l’OTAN et à l’ouverture de négociations avec l’Union européenne, espérée pour juin.
Corruption et clientélisme
Alors que les électeurs de son camp considèrent que le nouveau nom est le fruit d’un diktat imposé depuis l’étranger, Gordana Siljanovska-Davkova continue à parler de « Macédoine » mais a assuré qu’elle respecterait l’accord tout en essayant de le renégocier.
Mais le débat sur le nom ne suffit plus à mobiliser des électeurs usés par le marasme économique, la corruption, le népotisme et le clientélisme.
Après l’accord entre Skopje et Athènes, Zoran Zaev avait été évoqué comme lauréat potentiel du Nobel de la Paix avec son homologue grec Alexis Tsipras. Et l’Occident avait présenté l’accord comme un exemple à suivre par l’ensemble des Balkans. Mais les préoccupations des électeurs sont plus prosaïques : le taux de chômage officiel dépasse les 20 %, le salaire moyen stagne à 400 euros, et l’émigration, notamment de la jeunesse, s’apparente à un exode.