Un arc-en-ciel de timbres de C215 au profit de la Croix-Rouge
Un arc-en-ciel de timbres de C215 au profit de la Croix-Rouge
LE MONDE ARGENT
La Poste s’apprête à diffuser un carnet de dix timbres réalisés par C215. L’occasion de se procurer dix œuvres emblématiques de cet artiste de street art pour 10,80 euros et de faire une bonne action.
Carnet de la Croix-Rouge en vente générale le 13 mai, dédicacé par l’artiste. / DR/La Poste/C215/Pierre Jullien
La Poste mettra en vente générale, le lundi 13 mai, un carnet de dix timbres colorés pour la Croix-Rouge française, illustré de portraits réalisés au pochoir par C215, alias Christian Guémy.
Les timbres ont été conçus à partir de photos prises par l’artiste, là où les pochoirs ont été peints à l’aérosol, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Zürich (Suisse), Dublin (Irlande), Londres (Angleterre), Barcelone et Tudela (Espagne), Haïti, Rome (Italie), Sao Paulo (Brésil), Marrakech (Maroc). Pour chaque carnet – tiré à 600 000 exemplaires – vendu 10,80 euros, La Poste reversera deux euros à la Croix-Rouge.
Le cahier des charges était de représenter des anonymes, de la couleur, de la diversité, dans les genres, les âges, les composantes ethniques, sans misérabilisme : « Il s’agissait de refléter l’image des destinataires des services rendus par la Croix-Rouge », explique C215. « De montrer une forme d’universalité des besoins, avec des œuvres qui venaient de la rue ».
Sa grand-mère
C’est ainsi que les dix portraits ont tous été « pochoirisé » sur du mobilier urbain. « La plupart ont disparu. Ceux de Vitry, de Marrakech, de Zurich ou de Dublin existent encore. Ils ont tous été peints entre 2009 et 2015 ».
L’artiste a commencé par proposer à La Poste une sélection d’environ 150 photos de son œuvre. La Croix-Rouge et Phil@poste, le service qui conçoit et commercialise les timbres-poste, en particulier Emmanuelle Rouiller, ont ensuite arrêté leur choix sur les dix portraits destinés aux timbres du carnet.
Un des timbres du carnet dessiné par C215, d’après un pochoir à l’effigie de sa grand-mère.
Christian Guémy s’est fait plaisir sur deux vignettes : « J’ai poussé un portrait, celui de ma grand-mère, Micheline Bonnefon, décédée en 2007 », peint à Barcelone. « Pour les autres, il n’y a qu’un personnage que je n’ai pas rencontré, au Brésil », précise-t-il. Enfin, « parmi les portraits, il y a un artiste, un pochoiriste, Epsylon », tagué à Rome, que C215 décrit comme un « peintre maudit », et qui vit en région parisienne.
Christian Guémy (C215) dans son atelier avec la maquette du timbre des TAAF (portrait du docteur J. Sapin-Jaloustre), en 2018. / DR/Pierre Jullien
Ce carnet succède à des réalisations philatéliques, pour la France, pour la Fête du timbre (2014), pour le centenaire de la naissance de Léo Ferré (2016) ; et pour le Territoire des Terres australes et antarctiques françaises, à l’effigie du Docteur J. Sapin-Jaloustre (2018).
Timbre autocollant réalisé pour le Musée de La Poste, en 2012. / DR/Musée de La Poste/C215
C215 est aussi l’auteur d’un timbre au sein d’un collector du Musée de La Poste paru dès 2012, consacré au street art, en compagnie de Rero, Vhils, Shepard Fairey, Ludo, ou d’Invader…
« Des causes qui ont du sens »
Enfin, à l’occasion de la sortie du timbre, il est prévu que Christian Guémy peigne le portrait du fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant, au siège de l’organisation, à Paris.
Christian Guémy explique dans C215. Cent ans après… (Critères éditions, 2018) que s’il peint « sur un poste électrique en banlieue, sur une façade à Dakar, ou si j’expose aux Invalides, quelle différence, du moment que je vais à la rencontre des gens ? » Avec le timbre, notre artiste urbain vise à l’universalité. Il poursuit dans cette source d’inspiration qui le conduit à « peindre des portraits d’anonymes, faisant passer davantage d’émotions et de messages ». Ce carnet Croix-Rouge lui permet d’être en phase avec sa volonté exprimée dans le cadre de son exposition du Musée de la Légion d’honneur, à Paris, jusqu’au 2 juin, consacrée à des portraits de soldats et d’infirmiers de la première guerre mondiale : « Je voudrais vraiment employer mon travail pour soutenir des causes qui ont du sens et qui comptent pour moi ». Il est à noter que les œuvres exposées feront l’objet d’une vente aux enchères dont les bénéfices reviendront à une œuvre ayant pour but de venir en aide, entre autres, aux veuves et orphelins de militaires.
Le timbre-poste paraît un support idéal pour C215, qui considère que « graffiter consiste à abandonner des œuvres derrière soi, en espérant que quelqu’un les trouvera pour se les approprier » (C215. Community service, Critères édition, 2010). « Chaque graffiti est comme une petite bouteille laissée sur les flots nauséeux de la ville, et quelque poète, regardant au-dedans, y verra un bateau naviguer vers d’autres horizons, plus radieux ». Et comment ne pas dresser un parallèle entre le temps qui dégrade les œuvres urbaines et les oblitérations qui maculent les timbres !
Christian Guémy rêverait, si La Poste lui laissait carte blanche, de réaliser une série sur le thème des personnages illustres honorés au Panthéon, thème d’une exposition organisée en 2018, accompagnée d’un « parcours urbain »… le message est transmis.
Le carnet sera vendu en avant-première le vendredi 10 et le samedi 11 mai, à Paris, au Carré d’Encre, de 10 heures à 17 heures, 13 bis, rue des Mathurins (9e). Christian Guémy y animera une séance de dédicaces le samedi 11 mai de 11 heures à 13 heures et de 14 heures à 16 heures.
A partir du 13 mai, il sera vendu dans tous les bureaux de poste, à la boutique Le Carré d’Encre, au Musée de La Poste, 21, avenue du Maine, 75015 Paris, et sur le site Internet www.laposte.fr/boutique.