L’heure est à la métaphore sportive au sein de l’exécutif. « Le président a passé la balle, il faut maintenant la réceptionner », explique-t-on dans l’entourage d’Edouard Philippe. Après la présentation par Emmanuel Macron, jeudi 25 avril, de son plan de sortie du grand débat national, le premier ministre est désormais chargé de mettre en musique ce train de mesures. Et surtout de définir le calendrier.

« Je sais que beaucoup sont impatients, le président de la République nous a demandé d’aller vite, il a raison. Et nous, nous sommes déterminés à faire vite et à faire bien », a déclaré M. Philippe, lundi matin, en ouverture d’un séminaire gouvernemental consacré à cette question.

Des représentants de la majorité (présidents de groupes parlementaires, de commissions, de délégations et rapporteurs) ont été conviés à participer aux travaux au cours de l’après-midi. Une manière, dit-on, d’appliquer le changement de méthode souhaité par Emmanuel Macron qui vise à associer davantage de partenaires dans les prises de décision.

Plusieurs points semblent déjà tranchés

« Il y a une volonté d’associer fortement la majorité, d’avoir un portage collectif des annonces du président », souligne-t-on à Matignon. L’occasion de se pencher sur le calendrier parlementaire, mais aussi de travailler sur le fond lors de deux ateliers thématiques : l’un portant sur les « nouvelles solidarités », animé par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn ; l’autre sur la révision constitutionnelle, autour de la ministre de la justice, Nicole Belloubet.

Plusieurs points semblent déjà tranchés en termes de calendrier. Emmanuel Macron a dit souhaiter qu’Edouard Philippe lui présente dès le mois de mai un projet de « réorganisation de l’administration » pour rapprocher les fonctionnaires du terrain. Le chef de l’Etat veut par ailleurs que la réforme des retraites et celle des institutions soient présentées cet été. La baisse de l’impôt sur le revenu devrait quant à elle être inscrite au projet de loi de finances, à l’automne, pour être appliquée au 1er janvier 2020, a annoncé Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics.

Chacun au sein du gouvernement entend faire entrer rapidement ses sujets dans l’atmosphère. Mme Buzyn a déclaré vouloir essayer de mettre en œuvre dès 2020 la promesse d’une retraite minimale d’au moins 1 000 euros, ainsi que des mesures en faveur des « aidants » qui soutiennent un proche âgé, malade ou handicapé. La loi de bioéthique, qui inclut l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, sera par ailleurs « présentée en conseil des ministres avant les vacances d’été », a-t-elle assuré sur BFM-TV.

« Il n’est pas impossible, parce qu’on souhaite que de nombreuses mesures puissent être travaillées rapidement, qu’il puisse y avoir quelques décalages », temporise-t-on à Matignon. L’abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires pourrait aussi être revu « au cas par cas », a annoncé, dimanche, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Quid du devenir du premier ministre et de son gouvernement

Reste un non-dit dans cette litanie de réformes qui doit scander l’acte II du quinquennat : quid du devenir du premier ministre et de son gouvernement ? « Le président a conforté le travail de son premier ministre et de ses ministres ces deux dernières années, veut croire un conseiller de l’exécutif. Il les a missionnés sur pas mal de chantiers. » Cette réassurance apparente n’empêche pas les discussions sur le sujet entre membres du gouvernement.

« Il faudrait un remaniement après les européennes, juge un ministre. On ne peut pas faire une deuxième phase sans un très large remaniement des hommes, des méthodes, des circuits de décision. » Un avis partagé au sein de la majorité, où plusieurs ténors évoquaient ces dernières semaines l’hypothèse d’un remaniement après les élections européennes, le 26 mai. Il faudra dans tous les cas pallier les départs de ministres souhaitant se présenter aux élections municipales de 2020.

Durant sa conférence de presse, Emmanuel Macron n’a pas semblé ouvrir la porte à ce scénario. Par nécessité de lancer sans attendre les chantiers des prochains mois, veulent croire certains au sein de la Macronie. Ce qui ne veut pas dire que le casting n’évoluera pas. « Il ne peut pas y avoir de gouvernement intérimaire, même dans les têtes. Le fait que le premier ministre se mette au travail n’est pas une indication sur sa longévité », estime un poids lourd de la majorité, qui ajoute néanmoins : « Mon intuition, c’est que ça ne bougera pas. »

Le résultat des européennes ne sera pas sans incidence sur ce choix. En particulier si la liste de la majorité devait arriver en deuxième position derrière le Rassemblement national et ainsi manquer son objectif de gagner ce scrutin.