« Les Crevettes pailletées » : un grand bain gay à outrance
« Les Crevettes pailletées » : un grand bain gay à outrance
Par Murielle Joudet
Maxime Govare et Cédric Le Gallore renouvellent un peu le décor de la comédie académique en dépeignant un milieu homosexuel en ne retenant que ses éléments les plus folkloriques.
Après avoir proféré une insulte homophobe devant les caméras de télévision, Matthias Le Goff (Nicolas Gob), vice-champion du monde de natation, est sanctionné et se voit contraint d’entraîner Les Crevettes pailletées, équipe de water-polo gay qui brille plus par son sens de la fête que par ses performances. Objectif : relever le niveau de la bande et les qualifier pour les Gay Games qui se tiendront en Croatie. La recette des Crevettes pailletées se veut vieille comme la comédie populaire : la rencontre entre une sympathique et extravagante bande de bras cassés et d’un personnage qui leur est opposé en tout point. La méfiance initiale laisse finalement (et prévisiblement) place à un apprivoisement mutuel teinté d’amitié. A ces ressorts de comédie on ne peut plus classiques, Maxime Govare et Cédric Le Gallo y adjoignent une nouveauté : la peinture d’un milieu gay dont le film ne retient que ses éléments les plus folkloriques.
Un éloge bon enfant de la différence
Sur ce point, le film alterne habilement entre gros traits et subtilité, notamment dans la manière dont chaque acteur (tous assez drôles et sympathiques) prend en charge un personnage-type : de l’ancien militant Act’up revenu de tout, au transgenre au look extravagant, en passant par le jeunot timide qui découvre son orientation ou l’homosexuel rangé et père de famille. Les Crevettes produira des effets contrastés sur les spectateurs : soit un effet cathartique consubstantiel à la comédie populaire, soit l’indignation si l’on attend du film une représentation mesurée et exhaustive de la minorité qu’il filme – mais n’est-ce pas trop lui demander ?
Si Les Crevettes joue malicieusement avec le feu et le sait (c’est la condition du rire), il ne se revendique en rien d’un quelconque réalisme mais d’une évidente outrance comique qui s’amuse des clichés que ce soit pour les valider ou les dynamiter. Notons que contrairement au scénario-type de beaucoup d’autres comédies, aucun des personnages ne se trouve subitement racheté par un rassurant retour à la « norme ». Le film opte plutôt pour un éloge convenu et bon enfant de la différence. On trouvera d’ailleurs des relents d’homophobie ordinaire dans bien d’autres films populaires qui n’abordent pas frontalement le sujet. Sur ce point Les Crevettes pailletées se veut assez inoffensif et a pour mérite, et argument marketing, de renouveler un peu le décor de la comédie académique.
Les Crevettes Pailletées / Bande-annonce VF [Au cinéma le 8 mai]
Durée : 02:07
Film français de Maxime Govare et Cédric Le Gallo. Avec Alban Lenoir, Michaël Abiteboul, Nicolas Gob. (1h40) Sur le web :