Angelo Aybar dans « Ultravokal » de Christophe Karabache. / VisioSfeir

L’avis du Monde - A voir

Depuis plusieurs années le réalisateur d’origine libanaise Christophe Karabache construit, à une cadence respectable (presque un film par an depuis 2015) une œuvre à la fois singulière et très personnelle. Minimaliste, antinaturaliste, allégorique, sensualiste sont quelques adjectifs qui viendraient à l’esprit pour décrire un cinéma préférant le trait à la surcharge, le murmure au hurlement, la ligne de basse à un exposé mélodique trop entendu.

Le récit de Ultravokal est épuré à l’extrême. Trois personnages, archétypaux. Un jeune homme, dont on devine vaguement qu’il est un déserteur, tente d’échapper à de mystérieux poursuivants. Il rencontre une femme solitaire qui le recueille, le cache, se jette dans une relation où le désir sexuel impérieux se mêle à la répulsion avant de tenter d’échapper, avec lui, à l’obstination d’un tueur tuberculeux.

Laissé délibérément à l’état d’ébauche

Un tel récit renvoie certes à une tradition romantique du cinéma mais le thème des amants en fuite est pourtant ici réduit à une épure par un usage parcimonieux des dialogues, un choix très particulier de décors, à la fois authentiques et abstraits, maison isolée au cœur d’une campagne inquiétante, voies de chemins de fer, routes départementales désertes. Ultravokal est un squelette de film de genre, une œuvre laissée délibérément à l’état d’ébauche. Tout cela, qui n’est pas exempt d’un certain sens de la pose, ne l’est pas non plus d’une certaine beauté.

BANDE-ANNONCE/TRAILER - ultravoKal
Durée : 01:30

Film français de Christophe Karabache. Avec Claudia Fortunato, Stevens Fay, Angelo Aybar (1h33). Sur le web : www.facebook.com/ultravoKal, www.visiosfeir.fr/