Les betteraviers se battent pour sauver deux sites français de Saint-Louis Sucre
Les betteraviers se battent pour sauver deux sites français de Saint-Louis Sucre
LE MONDE ECONOMIE
Le groupe allemand Südzucker veut fermer deux sucreries en France, Cagny dans le Calvados et Eppeville dans la Somme. Les producteurs de betteraves français veulent reprendre les deux sites.
Manifestation de betteraviers devant l’ambassade allemande à Paris, mardi 7 mai, pour faire pression sur le groupe Südzucker qui veut fermer deux sucreries en France. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Les betteraviers de Saint-Louis Sucre avaient rendez-vous mercredi 15 mai à Strasbourg avec la direction de leur maison mère allemande, Südzucker, leader mondial du sucre. L’enjeu : obtenir du groupe la cession des deux usines françaises dont il souhaite arrêter la production. La rencontre a duré près de trois heures. A l’issue, les planteurs allemands actionnaires majoritaires de Südzucker ont opposé, officiellement, une fin de non-recevoir à ce projet de reprise. Mais les Français ne désarment pas.
Depuis l’annonce, en février, de la mise à l’arrêt, programmée en 2020, de la sucrerie de Cagny dans le Calvados et de celle d’Eppeville, dans la Somme, les betteraviers sont mobilisés. Cette restructuration devrait entraîner la suppression de 130 emplois salariés. Mais elle plonge aussi 2 500 planteurs livrant les deux usines dans l’incertitude.
Les agriculteurs, appuyés par la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), ont dénoncé le procédé de Südzucker désireux de maintenir une activité de stockage dans les deux usines. Une manière de passer outre la loi Florange adoptée en 2014 qui impose à une entreprise de chercher un repreneur. Or, les planteurs souhaitaient se poser en repreneurs des sucreries.
« Il serait irresponsable pour Saint-Louis Sucre de céder des sites »
« Nous avons proposé une offre d’un montant de 10 euros la tonne de betteraves. Sachant que les deux usines broient un total de 3 millions de tonnes, cela représente 30 millions d’euros », affirme Franck Sander, président de la CGB. Il a mis aussi dans la balance l’économie faite par Südzucker en s’évitant la fermeture des usines. Le groupe allemand avait chiffré à 200 millions d’euros le coût de l’arrêt de cinq usines en Europe, les deux françaises donc, mais aussi deux en Allemagne et une en Pologne. M. Sander estime à au moins 70 millions d’euros la quote-part pour la France.
Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, Hans-Jörg Gebhard, président de l’Association des planteurs d’Allemagne du Sud (VSZ), déclare qu’« il serait irresponsable pour Saint-Louis Sucre de céder des sites », estimant que « tout projet de reprise ne résout pas le problème de surproduction en France », avant d’ajouter qu’il est « vital pour Saint-Louis Sucre de maintenir les capacités de stockage des sites d’Eppeville et de Cagny ».
« Ils nous ont dit de déposer une offre officielle auprès de Südzucker avec une réponse dans les trois semaines », réagit M. Sander, prêt à continuer à se battre si les planteurs concernés soutiennent le projet de reprise.