Eurovision 2019 : que faut-il (statistiquement) pour gagner le concours ?
Eurovision 2019 : que faut-il (statistiquement) pour gagner le concours ?
Par Damien Cottin
Chaque année, une quarantaine de pays s’affrontent lors du plus grand concours de chant au monde. Pour s’assurer la victoire, statistiquement, mieux vaut être une jeune femme, qui chante seule et en anglais.
Existe-t-il une recette secrète pour gagner l’Eurovision ? Pendant des mois, chaque pays cherche son candidat pour sortir vainqueur du plus grand concours de chant mondial. Pour optimiser ses chances, les pays devraient s’intéresser aux statistiques qui donnent quelques indices sur le profil idéal pour remporter la compétition. Pour gagner, mieux vaut être une femme de moins de 30 ans, originaire d’Europe du Nord, qui chante seule et en anglais.
Les femmes seules en tête des classements
Sur les 63 éditions de 1956 à 2018, 38 artistes féminines ont décroché la victoire, contre seulement 11 hommes. Les statistiques sont largement favorables aux femmes solistes.
Pour gagner, il vaut donc mieux être un(e) soliste. Depuis 1956, 49 gagnants se sont présentés seuls sur scène, contre seulement 17 groupes. Le fait de choisir un groupe est donc une erreur stratégique pour tout pays aspirant à la victoire. Néanmoins, si c’est l’idée d’un groupe qui est retenue, il vaut mieux miser sur la mixité. En 63 éditions, ils ont été onze groupes mixtes à l’emporter, contre cinq groupes masculins et un seul féminin. Le plus célèbre qui ait gagné l’Eurovision reste, quarante-cinq ans plus tard, le quatuor suédois ABBA.
Une prime à la jeunesse
La moyenne d’âge des gagnants est de 26 ans. Il faut donc être jeune pour gagner l’Eurovision, même si l’âge des vainqueurs tend à se rapprocher de la trentaine depuis une dizaine d’années. Les gagnantes sont globalement plus jeunes que les gagnants avec respectivement une moyenne de 24 et 31 ans.
Les doyens des gagnants sont André Claveau (1958) et Toto Cutugno (1990) qui ont remporté le concours à 47 ans. Ce sont les seuls qui avaient plus de 40 ans lors de leur victoire. Le record de jeunesse est tenu par Sandra Kim. La chanteuse belge a gagné l’Eurovision en 1986 alors qu’elle n’avait que 13 ans. Ses manageurs avaient alors prétendu qu’elle en avait 15. Depuis cette édition, le règlement du concours interdit la participation de candidats qui ont moins de 16 ans.
Une domination du nord et de l’ouest de l’Europe
Depuis 1956, la majorité des gagnants sont originaires de l’Europe de l’Ouest et du Nord. Une domination historique qui s’explique par les dates d’entrée dans l’Eurovision. Les sept pays fondateurs (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) ont ainsi obtenu quatorze victoires sur les 20 premières années du concours.
L’Europe de l’Est comptabilise seulement six victoires, car elle n’a commencé à participer qu’en 1993 avec l’entrée de la Slovénie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie. Auparavant, seule la Yougoslavie était présente depuis 1961.
Aujourd’hui, l’ensemble de l’Europe (et au-delà) participe au concours. Des tendances se dégagent donc plus facilement. C’est l’Europe du Nord qui est largement en tête depuis vingt ans et qui ne cesse de gagner, avec neuf victoires en vingt ans. Chaque année, ces pays bénéficient d’une large popularité qui leur permet de finir en tête du classement. Depuis 1999, la Suède a ainsi gagné à trois reprises et fait toujours partie des favoris.
L’anglais, première langue du concours
En 2017, Salvador Sobral l’emporte avec Amar Pelos Dois, une chanson en portugais. Une victoire surprenante, puisque pour cette édition, ils ne sont que six candidats sur 36 à chanter dans une autre langue que l’anglais. Avant sa victoire, tous les vainqueurs depuis 2008 avaient choisi l’anglais pour participer. Cette année encore, seules neuf chansons sur 41 ne contiennent pas d’anglais.
C’est à partir de 1999, et de l’abolition de la règle qui imposait le choix de la langue de leur pays aux chanteurs, que l’anglais s’est progressivement imposé dans la compétition pour devenir le premier choix des participants. Avant cette date, le français était la langue de prédilection du concours grâce aux multiples victoires des pays francophones (Belgique, France, Luxembourg, Monaco et Suisse).
La superstition de la seconde moitié
La légende voudrait qu’un passage dans la seconde moitié de la finale soit plus favorable à une victoire. Le tirage au sort pour déterminer l’ordre de passage est un moment particulièrement attendu, car tout peut se jouer à cet instant et les statistiques vont en ce sens. Entre 1956 et 2018, 43 gagnants sur 66 sont passés sur scène pendant la deuxième partie du concours.
La 17e place semble être la place porte-bonheur, puisque sept vainqueurs portaient ce numéro. En revanche, aucun participant n’a jamais gagné en se présentant en deuxième, seizième ou au-delà du numéro 24.
Les paris en ligne sont-ils fiables ?
Chaque année, dans les semaines précédant la grande finale, les paris en ligne sont largement scrutés pour tenter de savoir qui sortira vainqueur de l’Eurovision. S’ils ne sont pas une science exacte, ils permettent néanmoins de donner une tendance. En 2018, la grande gagnante Netta Barzilai était deuxième des paris, derrière la Chypriote Eleni Foureira, qui a obtenu la médaille d’argent. Depuis 2011, le vainqueur a toujours fait partie du podium des parieurs. Reste à savoir si le Néerlandais Duncan Laurence, le Suédois John Lundvik et l’Australienne Kate Miller-Heidke, actuellement en tête, confirmeront les statistiques.
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