Au moins sept pays européens et les institutions de l’UE concernés par le « fichier Monsanto »
Au moins sept pays européens et les institutions de l’UE concernés par le « fichier Monsanto »
Le Monde.fr avec AFP
Le cabinet d’avocats Sidley Austin, mandaté par l’entreprise allemande, « déterminera si de telles listes existent aussi dans d’autres pays », a déclaré le groupe Bayer.
Des fichiers de personnalités commandés par Monsanto comme ceux déjà révélés en France existent dans six autres pays européens, ainsi que pour les institutions européennes, a annoncé le groupe Bayer, mardi 21 mai.
« Nous estimons pour l’instant que l’agence [de communication et de marketing] Fleishman Hillard a établi pour le compte de Monsanto des listes en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni, ainsi que pour des personnalités liées aux institutions européennes », écrit Bayer. Le cabinet d’avocats Sidley Austin, mandaté par l’entreprise allemande, « déterminera si de telles listes existent aussi dans d’autres pays », ajoute Bayer.
Jusque-là, seule la liste établie en France était connue. Mais le groupe, après avoir présenté ses excuses, avait déclaré la semaine passée que d’autres pays européens étaient « très probablement » concernés.
Le chimiste allemand, propriétaire de Monsanto depuis l’an dernier, a également annoncé avoir mis un terme « jusqu’à nouvel ordre » à sa collaboration en matière de communication avec Fleishman Hillard. Bayer continuera cependant de travailler avec ce cabinet sur des questions de marketing.
Plusieurs médias (dont Le Monde, France Télévisions, Radio France, Le Parisien et l’Agence France-Presse) ont annoncé avoir saisi la justice et/ou la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) après la révélation au début de mai par France 2 et Le Monde que des centaines de personnalités (politiques, scientifiques, journalistes) avaient été fichées en fonction de leurs positions sur les pesticides et les OGM (organismes génétiquement modifiés) et de leur propension à être influencées.
Les listes recensent « principalement des journalistes, des politiques et d’autres groupes d’intérêt », a confirmé Bayer. Au lendemain de ces révélations, la justice française a ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal qui vise notamment le chef de « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite ».
Multiples procédures
Les documents en question datent de 2016, soit avant le rachat par Bayer du grand groupe agro-industriel américain spécialiste des pesticides et des OGM, finalisé l’an dernier. Les personnalités sur ces listes seront contactées à partir de la fin du mois de mai, précise encore Bayer.
Depuis le rachat de Monsanto pour 63 milliards d’euros, Bayer doit affronter les multiples procédures liées à l’herbicide au glyphosate du groupe américain, objet ces derniers mois de trois jugements défavorables en Californie, et désormais visé par plus de 13 000 requêtes aux Etats-Unis.