Ben Smith conforté pour quatre ans aux commandes d’Air France-KLM
Ben Smith conforté pour quatre ans aux commandes d’Air France-KLM
Par Guy Dutheil
Le directeur général de la compagnie franco-néerlandaise a emporté l’adhésion quasi unanime des actionnaires lors de l’assemblée générale du groupe, qui s’est tenue mardi 28 mai.
Le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, à Paris, le 20 février. / Charles Platiau / REUTERS
Refaire d’Air France-KLM « le champion européen du transport aérien » : c’est avec ce credo que Ben Smith, directeur général de la compagnie franco-néerlandaise, a emporté l’adhésion des actionnaires, à l’occasion de l’assemblée générale du groupe, organisée mardi 28 mai.
Le patron canadien d’Air France-KLM a vu son mandat de quatre ans validé à 99,58 %. Sa rémunération a également été confirmée par les actionnaires (82,12 %). M. Smith touchera ainsi jusqu’à 4,25 millions d’euros par an, soit plus de trois fois celle de son prédécesseur Jean-Marc Janaillac, qui avait démissionné le 4 mai 2018 à la suite du rejet de son projet d’accord salarial.
Avec cette forte hausse de rémunération, M. Smith parvient presque à se hisser au niveau des dirigeants des autres compagnies européennes – IAG, maison mère de British Airways, et Lufthansa –, selon Anne-Marie Couderc, la présidente non exécutive d’Air France-KLM.
Désormais bien installé aux commandes, le directeur général va pouvoir s’atteler à la relance de la compagnie aérienne, notamment grâce au rétablissement du dialogue social avec toutes les catégories de personnels.
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a annoncé lundi, à la veille de l’assemblée générale, être « volontaire pour négocier avec la direction le développement de Transavia », la filiale à bas coûts d’Air France. L’objectif de la direction et des pilotes est de faire sauter le seuil des quarante avions qui circonscrit le développement de Transavia France.
Aujourd’hui, cette limite, fixée à quarante appareils, est presque atteinte puisque la low cost compte déjà une flotte de trente-huit avions. La condition pour parvenir à un accord est d’uniformiser les contrats des pilotes d’Air France et ceux de Transavia France pour obtenir un contrat unique. Plus grand-chose ne s’oppose à cette mise en œuvre, car, comme le disent les pilotes, les contrats sont aujourd’hui très proches.
Politique de réduction des coûts
En revanche, il incombera à la direction de convaincre les autres catégories de personnels qu’elles n’auront pas droit à cet alignement, sauf à faire exploser les coûts opérationnels de Transavia France.
Dix mois après avoir été nommé à la direction générale d’Air France-KLM, Ben Smith va entrer dans la phase délicate de sa stratégie de relance. Une « stratégie à l’américaine », comme le note un pilote, fondée sur deux axes : « la montée en gamme d’Air France et la montée en puissance de Transavia ». Une démarche déjà adoptée par les grandes rivales européennes que sont IAG et Lufthansa.
Pour la mener à bien, M. Smith devra en passer par une politique de réduction des coûts, en optant notamment pour « l’avion unique », c’est-à-dire un même type d’avion pour Air France et Transavia. Le directeur général pourrait profiter du renouvellement de la flotte de sa low cost pour délaisser Boeing au profit d’Airbus. Cela permettrait à la compagnie de réaliser des économies de maintenance et de formation des pilotes. Selon ces derniers, le compromis idéal serait le choix « d’un avion d’une capacité de 150 places ».
La réduction des coûts au sein d’Air France pourrait écorner la popularité de Ben Smith. Après un premier plan de départs volontaires portant sur 465 postes parmi les escales de la compagnie, d’autres coupes claires pourraient intervenir. « La rumeur enfle » d’un plan de départs d’importance parmi les personnels du siège de la compagnie, signale un pilote.
L’éventualité de ces suppressions de postes s’appuie sur le constat « qu’Air Canada, [la compagnie dont est issu Ben Smith] opère le même nombre d’avions qu’Air France, mais avec des personnels des fonctions support deux fois moins nombreux : de l’ordre de 6 500 pour Air France contre environ 3 000 pour Air Canada ». Selon les craintes de salariés d’Air France, ce nouveau plan de départs volontaires porterait sur « 25% » des postes. Une menace pour l’instant démentie par la direction.
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