Le cinéaste Luc Besson, lors de la première de son film « Valérian et la cité des mille planètes », à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris, le 25 juillet 2017. / Charles Platiau / REUTERS

Un peu d’oxygène ? La direction d’EuropaCorp, en pleine tourmente financière, a indiqué, mercredi 29 mai, que ses créanciers étaient en discussion avec le groupe Pathé « dans le cadre de la restructuration de sa dette et du renforcement de ses capacités financières par voie d’augmentation de capital ». Le groupe de Luc Besson, placé sous procédure de sauvegarde depuis le 14 mai, confirme donc une information parue mercredi sur le site des Echos.

Voici un an, lors de l’avant-dernier Festival de Cannes, tout le milieu du cinéma pariait sur une reprise par Netflix du producteur d’Anna ou du très très cher Valérian et la cité des mille planètes. Les négociations avaient achoppé pour des raisons financières, mais aussi parce que Luc Besson était accusé de viol par la comédienne Sand Van Roy, plainte qui a été classée sans suite par le parquet de Paris en février. Une autre enquête, confiée le 21 février à la police judiciaire sur des faits d’agression sexuelle survenus en 2002 – donc potentiellement prescrits –, vise toujours le cinéaste.

Cette fois-ci, EuropaCorp confirme que le groupe Pathé, présidé par Jérôme Seydoux, a marqué « son intérêt pour une éventuelle prise de participation au capital de la société ». Les deux groupes sont déjà liés puisque Pathé a conclu un accord de distribution des films de la société de production de Luc Besson pour la France. Une telle opération contribuerait mathématiquement à en diluer les actionnaires, au premier chef Luc Besson (38 %) et le chinois Fundamental (28 %). Une telle hypothèse a été saluée en Bourse, ce qui n’est guère significatif puisque le titre EuropaCorp est passé mercredi de 0,64 euro à l’ouverture à 1,24 dans l’après-midi.

La dette d’EuropaCorp, le sujet qui fâche

Toutefois, rien n’est encore fait. « Cette marque d’intérêt, non engageante, est soumise à la réalisation de plusieurs conditions préalables », concède la direction d’EuropaCorp. « Elle est en particulier soumise à un accord sur la restructuration des dettes existantes du groupe. Plusieurs conditions essentielles n’étant à ce jour pas encore remplies, notamment l’accord des prêteurs senior et junior, le groupe ne peut donner aucune assurance quant à l’aboutissement de cette proposition, ni préciser le calendrier ou la structuration de l’opération qui résulteraient, le cas échéant, des discussions en cours », précise la société.

La dette d’EuropaCorp est bel et bien le sujet qui fâche : elle avoisinait les 220 millions d’euros au cours de l’exercice 2017-2018. Pour 2018-2019, son montant sera communiqué le 27 juin. Le chiffre d’affaires du groupe s’est également effondré de 33 % au cours du dernier exercice fiscal décalé, qui s’est achevé le 31 mars. En raison d’ « une base de comparaison défavorable liée au film Valérian », les ventes ont reflué à 148,7 millions d’euros, contre 221,2 millions d’euros un an plus tôt. Le chiffre d’affaires est donc plus faible que la dette.

Bien qu’ayant été soutenu à bout de bras pendant des années par la Caisse des dépôts ou aidé par BNP Paribas, EuropaCorp s’enfonce dans la crise. Luc Besson a déjà cédé des pans entiers de ses activités : ses multiplexes, son pôle audiovisuel (hors séries américaines) ou encore son catalogue de films, Roissy Films, repris par Gaumont en mars.