En Côte d’Ivoire, le cinéma souffre toujours d’un manque de financement
En Côte d’Ivoire, le cinéma souffre toujours d’un manque de financement
Le Monde.fr avec AFP
En l’absence de partenaires privés, le 7e art ivoirien est essentiellement financé et soutenu par des dotations de l’Etat.
Tournage lors de la 2e édition du Bushman Film Festival, le premier festival africain du court-métrage réalisé avec des smartphones en Côte d’Ivoire, à Abidjan, le 30 mars 2019. / ISSOUF SANOGO / AFP
Malgré la création du Fonds de soutien à l’industrie cinématographique de Côte d’Ivoire (Fonsic) opérationnel depuis 2013, le cinéma ivoirien souffre toujours d’un manque de financement, a regretté mardi 28 mai le chef du département chargé du fonds, Guillaume Assi. « Il n’y a pas de banque qui manifeste un véritable engouement pour le secteur », a-t-il reconnu lors de la première édition du sommet du film d’Abidjan, qui réunissait différents acteurs du secteur (producteurs, réalisateurs et institutionnels).
En l’absence de partenaires privés, le fonds est essentiellement financé par des dotations de l’Etat, qui a attribué 600 millions de francs CFA (900 000 euros) au Fonsic en 2018, contre 14 millions (20 000 euros) l’année de son lancement en 2013. Ce montant total pour l’année 2018 comprend les frais de fonctionnement (salaires et équipements), ce qui réduit à environ 400 millions de francs CFA (600 000 euros) la part effectivement disponible pour financer des projets. « Depuis 2013, nous avons financé 43 projets, dont 18 longs-métrages, 4 documentaires, 11 séries et 29 festivals », a détaillé Guillaume Assi à l’AFP.
« Pas encore une véritable industrie »
Chaque projet fait l’objet d’une évaluation par l’Office national du cinéma de Côte d’Ivoire avant d’être soumis au Fonsic, qui subventionne au maximum les réalisateurs à hauteur de 30 % du budget total de leur film. Plusieurs réalisateurs présents lors du sommet à Abidjan ont critiqué le faible montant de ce fonds et estiment qu’il faudrait que l’Etat et les banques investissent « plusieurs milliards de francs CFA dans ce secteur ».
« Pour réaliser des investissements, il faut faire des études sectorielles. Ces études n’existent pas encore en ce qui concerne le cinéma. Nous manquons d’informations pertinentes », a déclaré Douada Coulibaly, chef de service PME-PMI à la Banque nationale d’investissement (BNI) de Côte d’Ivoire. « Le cinéma en Afrique francophone n’est pas encore une véritable industrie, contrairement au monde anglophone », a-t-il assuré, encourageant les producteurs à fournir eux-mêmes des études sectorielles aux banques afin de « justifier la rentabilité future » de leurs films.
Le représentant de la BNI a également incité l’Etat à « donner une place de choix à ce secteur en créant d’autres fonds pour rassurer les banques », affirmant que « si le politique s’engage pour le cinéma, les banques qui ont les fonds privés suivront ». En raison de ce manque de financement, le cinéma ivoirien peine à s’imposer sur la scène internationale. Depuis 1986, la Côte d’Ivoire n’a été représentée qu’une seule fois au Festival de Cannes, en 2014, grâce au long-métrage intitulé Run, réalisé par Philippe Lacôte.