« Les objectifs de développement durable doivent guider les enseignements »
« Les objectifs de développement durable doivent guider les enseignements »
Propos recueillis par Eric Nunès
L’enseignement supérieur ne traite pas assez des problématiques écologiques, selon François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, en particulier dans la filière plastique.
Le député écologiste des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert prône une diffusion du savoir écologique auprès des étudiants, notamment en plasturgie, ainsi qu’une réflexion sur le devenir des produits plastiques fabriqués.
Les enseignements dispensés dans le secondaire et le supérieur doivent-ils être modifiés pour répondre aux exigences d’un développement durable que s’est fixées la France ?
En France, l’enseignement secondaire et supérieur ne fait aucune référence aux 17 objectifs de développement durable adoptés par l’ONU en 2015, qui portent notamment sur des enjeux environnementaux, comme le recours aux énergies renouvelables, la consommation et la production responsables, la lutte contre les changements climatiques. La France a été un pays leader pour faire admettre ces objectifs à l’échelle de la planète, mais, dans les faits, elle ne les enseigne pas. Il est pourtant nécessaire que les lycéens, les étudiants, les futurs citoyens, consommateurs, acteurs de notre monde interprètent les matières enseignées – que ce soit les sciences de la vie, l’économie, la physique, la philosophie – en fonction de ces objectifs. J’ai proposé à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, qu’une dizaine d’établissements pilotes adoptent ces 17 objectifs de développement durable comme ligne directrice des enseignements.
Et concernant la consommation de matière plastique…
Le plastique, c’est l’urgence. Une réflexion doit être menée sur ce qu’est l’enseignement technique en plasturgie, mais également sur l’opérationnel, car ce n’est pas l’ingénieur qui décidera de l’utilisation de tel ou tel type d’emballage, mais le marketing, le management. Ce sont également ces décideurs qui doivent mesurer les impacts dramatiques de l’utilisation de matière plastique dont la durée de décomposition peut atteindre mille ans.
L’industrie joue-t-elle le jeu, en exigeant que les écoles forment à l’utilisation de matériaux biosourcés et encouragent, en amont de la production, à la prise en compte du recyclage futur du produit ?
Il y a peu, la question de passer d’une ressource pétrole non compostable à une matière biodégradable était une lubie de bobos occidentaux. Mais, depuis, le travail de plusieurs ONG et la médiatisation de l’urgence ont conduit à une prise de conscience collective, et les industriels sont en train de faire muter leurs processus. Il y a une accélération d’investissement dans deux voies : le recyclage chimique des matières plastiques d’origine pétrolière et l’utilisation de matériaux biosourcés, qui augmentent et pourraient déboucher sur la fin de l’utilisation de plastique vierge à horizon 2040. Aujourd’hui, ce sont les formations en alternance (entreprise-école) qui permettent aux étudiants de rester en contact avec des technologies qui évoluent très vite.
Est-ce que l’exigence environnementale est aussi celle des étudiants, des apprentis ?
Lors des élections européennes du 26 mai, 25 % des 18-24 ans ont voté écologiste, notamment pour la liste de Yannick Jadot [Europe Ecologie-Les Verts]. C’est une traduction claire de leur mobilisation. Les jeunes font davantage le choix de modes de transport doux, ils utilisent moins de plastiques jetables, ils s’inquiètent de l’impact climatique de leurs gestes. Ils n’ont pas le même comportement que leurs parents.