Leur petit nom

L’Albiceleste. Rapport aux couleurs des maillots, blanc et bleu – il fallait y penser.

Calendrier

10 juin : Argentine - Japon 18 heures à Paris

14 juin : Angleterre - Argentine 21 heures au Havre

19 juin : Ecosse - Argentine 21 heures à Paris

Historique en Coupe du monde

Troisième participation à une phase finale, éliminée dès la phase de poule en 2003 et 2007.

Classement FIFA : 37e

L’équipe qui devrait jouer

Solana Pereyra, Eliana Stabile, Aldana Cometti, Agustina Barroso, Adriana Sachs, Ruth Bravo, Vanesa Santana, Florencia Bonsegundo, Estefania Banini, Mariana Larroquette, Sole Jaimes.

Le sélectionneur

Carlos Borrello. C’est le retour de l’homme providentiel du football féminin argentin : Borrello, directeur technique de 2003 à 2012, a présidé aux meilleurs résultats de la sélection, vainqueure de la Copa America en 2006 et qualifiée pour les Jeux olympiques 2008 et les Coupes du monde 2003 et 2007, les seules auxquelles l’Argentine a participé. De retour à son poste depuis 2017, il a ressuscité la sélection et obtenu son ticket pour un troisième Mondial à l’âge de 63 ans. Dans l’intervalle, il a dirigé le meilleur club féminin du pays, l’UAI Urquiza.

Pourquoi postulez-vous ?

Parce qu’avouez qu’une Coupe du monde de football sans l’Argentine, ce n’est pas vraiment une Coupe du monde.

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ?

Aucune expérience récente, raison pour laquelle j’arrive avec beaucoup de fraîcheur. Je peux tout à fait vous expliquer ces deux ans de trou dans mon CV : entre 2015 et 2017, la sélection n’existait plus. Nous jouons à nouveau depuis l’été 2017, mais notre vétérane Mariela Coronel et notre sélectionneur ont de vieux souvenirs de Coupe du monde, en 2003 et 2007.

Si vous deviez nous donner trois qualités ?

Le football est un élément que l’on dira assez important de la culture et de la vie sociale en Argentine. La pratique féminine a néanmoins longtemps été méprisée par les instances, et nous avons donc une certaine habitude de l’adversité. Enfin, nous avons surpris tout le continent en prenant la troisième place de la Copa America 2018, avec au passage une victoire contre la Colombie.

Et côté défauts ?

Il faut le dire : a priori, nous sommes l’équipe la plus faible de notre groupe. Ces deux années sans jouer ont laissé des traces et nous n’avons plus affronté d’équipe européenne depuis… 2008. Et une courte majorité de nos joueuses évolue dans le championnat argentin, dont le niveau est très faible.

ESTEFANIA BANINI, en cinq dates :

1859

Jules Balloffet, architecte stéphanois doté d’une très belle barbe troisième République avant l’heure, embarque pour l’Amérique du Sud avec son ami l’ingénieur Auguste Bravard. Les deux hommes posent pied à Buenos Aires.

1861

La petite ville argentine de Mendoza est détruite intégralement par un tremblement de terre de 7,2 sur l’échelle de Richter, qui fait 4 000 morts environ, dont Auguste Bravard. Jules Balloffet propose à l’administration locale de l’aider à reconstruire la ville, un kilomètre au sud, et y consacre le restant de sa vie jusqu’à sa mort, à Mendoza, en 1897.

1990

La ville compte approximativement 759 000 habitants, et approximativement 759 001 le 21 juin, après la naissance d’Estefania Banini.

1995

Estefania Banini touche son premier ballon de football et montre de belles prédispositions, même si on ne l’appelle pas encore « La Messi de Mendoza », puisque Lionel Messi est lui-même âgé de huit ans et mesure environ 1 mètre, sans chiffre derrière la virgule.

2018

Capitaine et numéro 10 de la sélection argentine, Estefania Banini mène la révolte contre sa fédération et signe à Levante, club majeur de première division espagnole. Elle qualifie sa sélection pour la Coupe du monde, ce qui permettra à Banini d’avoir sa propre vignette adhésive.

… que les récentes luttes féministes en Argentine ont connu un prolongement sur les terrains de football. En septembre 2017, les internationales se sont mises en grève en formulant des demandes concrètes à la fédération dans une lettre ouverte : versement et augmentation de l’indemnité journalière pour ces joueuses amateurs, alors de… 150 pesos (7 euros) ; mise à disposition d’un terrain d’entraînement en gazon, et non en synthétique ; réservation de nuits d’hôtel la veille des matches, alors que les joueuses dorment la plupart du temps dans le car qui les amène sur le lieu de la rencontre.

La grève a cessé pour la Copa America 2018, où les joueuses ont continué de faire savoir leur colère en collant leurs mains derrière les oreilles sur la photo officielle, façon de dire à leurs dirigeants : « Ecoutez-nous ! » Depuis, la fédération s’active, un peu. Surtout, la population a pris conscience de l’existence d’une sélection féminine de football.

Le vignoble de Mendoza, la région de Banini, produit en altitude 70 % des vins argentins, dont le rapport qualité-prix est souvent excellent. Avec cela, prévoir un repas plutôt solide, car le pourcentage d’alcool est équivalent à celui des pentes des routes de la cordillère des Andes. Notre conseil : un roboratif choripan, sandwich à la saucisse de porc, assaisonné de chimichurri mais pas trop, sinon vous ne sentirez plus le vin. Ceci juste le temps de patienter pendant la mise en route de l’asado, dont le fumet est inimitable. Allez, vous deviendrez végétarien plus tard.