Leur petit nom 

Reggae Girlz . Vous l’ignoriez peut-être, mais le reggae est une musique née en Jamaïque.

Calendrier

9 juin : Brésil - Jamaïque 15 h 30 à Grenoble

14 juin : Jamaïque - Italie 18 heures à Reims

18 juin : Jamaïque-Australie 21 heures à Grenoble

Historique en Coupe du monde

Première participation à une phase finale.

Classement FIFA : 53e

L’équipe qui devrait jouer

Sydney Schneider, Konya Plummer, Allyson Swaby, Dominique Bond-Flasza, Lauren Silver, Marlo Sweatman, Chinyelu Asher, Cheyna Matthews, Jody Brown, Deneisha Blackwood, Khadija Shaw.

Le sélectionneur

Hue Menzies. Né dans le quartier populaire londonien de Brixton et basé aux Etats-Unis, où il a vécu une modeste carrière de joueur et dirige une école de football, Hue Menzies vient de consacrer quatre années de sa vie à redynamiser le football féminin en Jamaïque. Celui qui se décrit comme un « fils à maman », élevé par sa mère seule et sa grand-mère, s’est donné pour mission d’aider l’équipe jamaïcaine, le pays de sa mère, où il a grandi. De façon bénévole, puisque la fédération n’a jamais aidé la sélection. « Ce que l’on fait ici, c’est bien plus que du football », dit Menzies.

Pourquoi postulez-vous ?

Parce que chaque Coupe du monde a besoin de sa « belle histoire », et que cette année, ce sera nous : on n’est pas vraiment un pays de football, on revient de nulle part et on se qualifie pour une Coupe du monde en France, comme les « Reggae Boyz » il y a 21 ans.

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ?

Nous sommes la première équipe caribéenne à nous qualifier pour la Coupe du monde, grâce à notre troisième place dans la Gold Cup féminine (championnat d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes). A part ça, que dalle, mais everything’s gonna be alright.

Si vous deviez nous donner trois qualités ?

Notre attaquante Khadija Shaw, 22 ans, sera la révélation de la compétition : je vous mets mon billet que les clubs européens vont se jeter sur elle. Elle a inscrit 19 buts en qualifications, ce qui fait d’elle la meilleure buteuse dans le monde, et reste sur 11 buts en dix matches en sélection. Nous avons aussi pu naturaliser ces derniers mois quelques joueuses nées à l’étranger qui nous apportent une expérience précieuse, notamment Havana Solaun. Enfin, c’est déjà un miracle d’être ici : nous n’avons rien à perdre.

Et côté défauts ?

L’arrivée de nouvelles joueuses au détriment de certaines ayant participé à la difficile campagne qualificative peut déstabiliser le groupe. Notre défense est assez catastrophique et Khadija Shaw est incertaine pour le premier match contre le Brésil, en raison d’une blessure à une cheville, contractée lors du dernier match amical face à l’Ecosse.

KHADIJA SHAW, en cinq dates :

1977

Durant la tournée Exodus en Europe, Bob Marley se blesse au pied lors d’un match de football disputé à Paris avec ses musiciens des Wailers et des journalistes musicaux. Le début de la fin pour Robert, qui continuera de jouer au foot malgré son infection et mourra quatre ans plus tard d’un cancer généralisé.

2014

En mémoire de son père et de sa passion dévorante pour le football, Cedella Marley, directrice de la Bob Marley Foundation, commence à financer la sélection féminine de Jamaïque et lève des fonds pour lui permettre de s’entraîner et disputer des matches.

2014, toujours

Une adolescente jamaïcaine, surnommée « Bunny » pour sa passion des carottes, décroche une bourse universitaire pour jouer au football aux Etats-Unis. Khadija Shaw a 17 ans et a appris à jongler avec ses sept frères à Spanish Town, ville pourrie par les violences entre gangs.

2015

Grâce à la Bob Marley Foundation, l’équipe nationale a ressuscité après huit ans sans match. Khadija Shaw est appelée pour la première fois, à l’âge de 18 ans, et dispute deux matches, avant une nouvelle mise en sommeil de l’équipe.

2018

Les nouveaux efforts de Cedella Marley pour relancer l’équipe portent leurs fruits et la Jamaïque participe aux qualifications pour la Coupe du monde. Khadija Shaw est élue meilleure jeune joueuse du tournoi qualificatif, dont la Jamaïque prend la troisième place.

… que la Fédération jamaïcaine fait souvent preuve de maladresse, disons-le ainsi, au moment de s’occuper de ses joueuses. Pour se rendre des Etats-Unis, où elles étaient en stage, en Ecosse, pour affronter la première équipe européenne de son histoire, le groupe jamaïcain a dû voyager divisé en quatre, passant chacun par une escale différente. Certaines joueuses ont fait escale… au Maroc. La raison ? La fédération avait oublié de confirmer les réservations de vols.

Ce serait anecdotique si cela ne ressemblait pas à un traitement de défaveur. La sélection a été dissoute par la fédération entre 2008 et 2014, puis une nouvelle fois en 2016, avant de ressusciter sous la pression de la FIFA juste avant la Gold Cup 2018, qualificative pour le Mondial. Ces derniers mois, la presse jamaïcaine s’est passionnée pour le bras de fer entre le coach et ses joueuses d’un côté, la fédération de l’autre, sur la question des contrats. Les dirigeants de la fédération ont tout tenté pour faire accepter aux héroïnes des indemnités bien inférieures aux normes en vigueur, pendant que les Reggae Girlz tentaient de préparer la Coupe du monde. Ce n’est qu’à la mi-mai, juste avant de partir en Europe, qu’elles ont obtenu des tarifs plus décents et ont signé leur contrat avec la fédération.

En hommage à la mère de Khadija Shaw, éleveuse de poulets, goûtez donc au jerk chicken, l’institution de la gastronomie jamaïcaine dont raffole l’attaquante star des Reggae Girlz. Il s’agit de morceaux de poulets marinés dans un mélange d’épices et fumés sur du pimento wood, le bois de l’arbre myrte-piment, qui ne pousse qu’en Jamaïque. Après cela, logiquement, vous ne pourrez plus rien avaler : le piment aura anesthésié vos papilles. Oubliez donc le rhum et apaisez votre palais avec la rafraîchissante et légère Red Stripe, la bière lager la plus présente en Jamaïque.