E3 : on a essayé « Watch Dogs Legion », les hackeurs face au cauchemar d’un Londres post-Brexit
E3 : on a essayé « Watch Dogs Legion », les hackeurs face au cauchemar d’un Londres post-Brexit
Par Michaël Szadkowski (Los Angeles, envoyé spécial)
C’est l’un des jeux vidéo les plus mis en avant par Ubisoft lors de l’édition 2019 du Salon E3 à Los Angeles. Nous avons pu le tester : voici nos premières impressions.
WATCH DOGS : LEGION - TRAILER D'ANNONCE E3 2019 [OFFICEL] VF HD
Durée : 02:47
« Bienvenue en résistance ». Dévoilé en introduction de la conférence de l’éditeur Ubisoft lors de l’E3 2019 de Los Angeles (le plus gros Salon annuel du jeu vidéo), Watch Dogs Legion, le troisième volet des jeux Watch Dogs, a d’emblée assumé une tonalité politique. La licence était connue pour mettre en scène des hackeurs dans des environnements urbains en monde ouvert, capables de profiter de leur maîtrise des technologies pour les détourner et faire avancer leurs objectifs, parfois louables, parfois moins.
Cette fois-ci, Watch Dogs Legion donne à ce concept une portée ancrée dans l’actualité, et inspirée de certaines dérives du monde occidental des années 2010. Pendant près d’une heure, Pixels a pu tester une première version de démonstration de ce jeu, qui doit sortir le 6 mars 2020 sur consoles. Voici nos premières impressions.
Le principe
Après Chicago et San Francisco, Watch Dogs traverse l’Atlantique et nous fait évoluer dans une version dystopique de Londres. Les effets du Brexit sont passés par là, et les développeurs ont situé l’action après une sortie effective de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Ils ont aussi mis en scène les effets potentiellement néfastes d’une numérisation avancée de la société. Selon les équipes ayant présenté le jeu à l’E3, de nombreux métiers ont été remplacés par des systèmes d’intelligence artificielle, dans tous les secteurs.
Le tout alimente des tensions sociales très vives, et visibles dans le jeu (manifestations, sit-in, panneaux et pancartes…). Dans ce contexte, Londres est devenue une technostructure autoritaire, entièrement baignée de surveillance et de nouvelles technologies. Les caméras filment, les drones volent, les passants ont tous des implants bioniques près de l’oreille. Aidée par les nombreux dispositifs de vidéosurveillance, la ville est qui plus est quadrillée par une milice policière lourdement armée. Et les abus de cette dernière, au nom de la sécurité, semblent nombreux.
Face à ce sombre tableau, le joueur incarne la résistance : des hommes et des femmes, de tous âges, de tous métiers, révoltés par les inégalités, l’autoritarisme et la police de leur ville.
La prise en main
Comme ses deux prédécesseurs, Watch Dogs Legion plonge le joueur dans un monde ouvert dense, urbain. A première vue, l’ambiance est moins fouillée et originale que celle qu’on a aperçue dans Cyberpunk 2077. Mais aussi, plus en phase avec la réalité que l’on connaît. On se balade avec le plaisir de voir plusieurs quartiers londoniens modélisés (Camden, Westminster…), qui fourmillent de détails et d’ambiances futuristes convaincantes.
Mais, démo oblige, l’action, et non la flânerie, a été privilégiée lors de notre test. Dans ce Londres du futur, on a pu ainsi se battre, en tentant de rentrer en force dans Scotland Yard ; dérober des voitures, sans oublier ensuite de rouler à gauche ; voler dans les airs et tirer à la mitraillette sur le dos d’un drone de livraison qu’on a piraté (il en vole beaucoup) ; contrôler à distance une araignée mécanique capable de s’infiltrer dans une salle de serveurs informatiques. Autant de phases de jeu dans la lignée des précédents Watch Dogs, qui s’appuient sur des hacks omniprésents afin de tirer au mieux partie de son environnement.
Image issue de « Watch Dogs Legion », présenté par Ubisoft à l’E3 2019, lundi 10 juin. / Ubisoft
La surprise est plutôt venue, au cours de la démonstration, de l’absence de héros unique. C’est là l’un des principes novateurs de Watch Dogs Legion : pour avancer sur chaque objectif, on peut incarner une ou plusieurs personnes, complètement interchangeables. Chaque citoyen de ce Londres imaginaire est en effet un agent potentiel de la résistance, que l’on peut tenter de convertir. Si on y parvient, l’individu « converti » est ensuite accessible dans les menus du jeu pour mener une mission. Il est même obligatoire d’en changer fréquemment.
Cette mécanique de jeu originale a nécessité la modélisation d’un nombre incalculable de personnages par les équipes d’Ubisoft. Elle renforce l’impression qu’on incarne avant tout un courant politique de résistance : les objectifs et les idées dépassent les destins individuels. C’est beau sur le papier, mais à jouer, cela force le joueur à naviguer fréquemment dans de nombreuses couches de menus pour lire l’historique et choisir en permanence quel personnage jouer. Cette trop grande profusion d’options et de menus est le principal reproche qu’on adresse à cette première version de Watch Dogs Legion : elle nuit globalement à la simplicité de la prise en main du jeu, et favorise un effet millefeuille qui pourra être indigeste, s’il n’est pas corrigé d’ici à la sortie.
On a aimé
- parcourir les cieux de Londres sur un drone de livraison qu’on a piraté ;
- recruter des résistants en piratant leur historique numérique et l’intégralité de leurs posts sur les réseaux sociaux, afin d’ensuite les aider ;
- infiltrer Scotland Yard à l’aide d’une araignée robot pilotée à distance ;
- découvrir un Londres futuriste sombre et effrayant (mais seulement pour le plaisir esthétique).
On a moins aimé
- l’empilement des menus et des objectifs pour se retrouver ;
- encore un certain manque de réalisme (les policiers de Scotland Yard n’ont aucune arme à part leurs poings pour empêcher l’araignée robot d’accéder à la salle des serveurs : franchement, on y a peu cru).
L’avis démo alpha de Pixels
A surveiller.
La vidéo du « gameplay » publiée lors de l’E3 2019
Watch Dogs Legion - E3 2019 : Extrait de Gameplay [OFFICIEL] VOSTFR HD
Durée : 10:49