Bac 2019 : dix commandements pour décrocher une bonne note en philo
Bac 2019 : dix commandements pour décrocher une bonne note en philo
L’épreuve de philosophie du bac a lieu lundi 17 juin. Dans cette dernière ligne droite, quelques conseils du professeur Thomas Schauder pour réussir la dissertation ou l’explication de texte.
Eviter les banalités, écrire lisiblement, répondre uniquement à la question posée, ne pas citer des auteurs à tout-va... Voici quelques conseils distillés par Thomas Schauder. / Philippe Turpin / Photononstop / Philippe Turpin / Photononstop
Plus que quelques jours avant l’épreuve. Il ne vous reste qu’à réviser vos cours, relire les textes étudiés pendant l’année et revoir la méthodologie. Pour vous y aider, Thomas Schauder, professeur de philosophie, a préparé pour Le Monde ses « Dix Commandements de l’épreuve de philosophie », à mettre en pratique le lundi 17 juin.
I. « Tu prendras ton temps »
Au bac, comme dans la vie, la précipitation est mauvaise conseillère. Prenez le temps de bien lire les sujets et de choisir celui qui vous paraît le plus intéressant ou que vous aurez le plus de plaisir à traiter. Ne vous dites pas que de toute façon, vous ne prendrez pas la dissertation ou l’explication de texte, et rappelez-vous qu’il n’y a pas de sujet plus facile que les autres. Ensuite, prenez le temps (au minimum 1 h 30) pour faire un brouillon qui aboutira à un plan détaillé. Ne comptez pas sur l’inspiration : votre objectif est de fournir une argumentation progressive et cohérente, cela ne s’improvise pas. Enfin, au lieu de vous relire précipitamment à la fin et de risquer de faire de vilains pâtés sur votre feuille, prenez le temps de réfléchir avant d’écrire. Vous éviterez ainsi les fautes et vos phrases seront probablement mieux formulées.
II. « Tu te mettras à la place du correcteur »
Nous sommes en juin et il fait chaud. Le correcteur ne vous connaît pas et n’a donc aucune bienveillance particulière envers vous. Après votre copie, il lui en reste probablement plusieurs dizaines d’autres à corriger. Votre objectif est donc de vous assurer ses bonnes grâces. Pour cela, rien de bien sorcier : faites un effort pour écrire lisiblement et proprement, à l’encre bleue ou, idéalement, noire ; aérez votre copie en sautant des lignes (surtout si c’est une feuille à petits carreaux), mais aussi en marquant chaque étape de l’argumentation par un retour à la ligne ou par un changement de paragraphe. N’insultez pas l’intelligence du correcteur en inventant des citations ou des auteurs. Faites attention à l’orthographe, la grammaire et la syntaxe. De la sorte, il sera plus clément avec vous.
III. « Tu éviteras les banalités »
La philosophie est ennemie de l’évidence, qu’elle remet systématiquement en doute. Elle recherche les problèmes, les paradoxes, les nuances. Par conséquent, il est non seulement mal vu, mais surtout anti-philosophique, de vous appuyer sur des poncifs, des dictons, des lieux communs, à moins que ce soit pour les démonter par la suite. Les « De tout temps », « Depuis toujours » et autres « Depuis l’aube de l’humanité » sont bannis, de même que les « Ça dépend des gens », « Chacun son avis » et autres manières de se défausser. Préférez les exemples historiques, littéraires ou scientifiques aux exemples tirés du quotidien. Enfin, ne cherchez pas des formules qui « font bien » et qui souvent ressemblent à de mauvais slogans publicitaires. Exprimez-vous simplement mais correctement, en utilisant un vocabulaire précis et approprié.
IV. « Tu chercheras les problèmes, pas les solutions »
En abordant un texte, posez-vous la question « Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ce texte ? », afin de mettre en lumière les problèmes qu’il cherche à résoudre, mais aussi ceux que pose son texte. De la même manière, la question de la dissertation doit être problématisée, c’est-à-dire qu’il faut vous demander « Pourquoi ne peut-on pas répondre simplement et immédiatement à cette question ? Pourquoi est-ce plus compliqué qu’il n’y paraît ? ». La problématique est ainsi une manière de justifier le fait que cette question se pose. Vous conserverez cette attitude intellectuelle tout au long du travail : à chaque fois que vous affirmerez quelque chose, vous réfléchirez à un contre-argument ou un contre-exemple possible. De la sorte, votre argumentation sera progressive et pas un affrontement stérile entre ceux qui pensent « Oui » et ceux qui pensent « Non ».
V. « Tu répondras à la question posée »
Eh oui, on attend de vous une réponse, ou alors vous devrez bien justifier qu’y répondre est impossible. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais de bonnes ou de mauvaises manières d’y aboutir. Ce sont ces manières, ces cheminements de pensée, en un mot votre méthode, qu’évalue le correcteur, pas le contenu de votre réponse. Bien que ce préjugé ait la peau dure, le correcteur n’a pas d’avis sur la question, donc le fait qu’il soit d’accord ou non avec vous n’a aucune importance. Par contre, si votre réponse doit être claire et précise, elle doit aussi être nuancée et justifiée. Elle est l’aboutissement logique de votre réflexion.
VI. « Tu ne commettras pas de catalogue »
Le pire, bien sûr, c’est le catalogue d’exemples, surtout s’ils sont décousus ou superficiels. Un exemple sert à illustrer un argument, il n’en a pas la force, car rien ne dit que ce qui est valable dans un cas particulier est valable en règle générale. Chaque argument pourrait être une réponse, en tout cas partielle, à la question posée, alors qu’un exemple permet de montrer que cette réponse est possible réellement et pas seulement une pure spéculation. Dites-vous bien que la quantité ne fait pas la qualité, et c’est pourquoi le catalogue d’auteurs ou de citations est à proscrire. Il ne faut jamais être allusif : si vous citez un auteur, vous devez expliquer pourquoi vous le citez. Vous montrerez ainsi que vous avez étudié sa pensée et que vous l’avez comprise. Inutile donc de multiplier les références : un ou deux auteurs par partie est largement suffisant.
VII. « Tu ne réciteras pas ton cours »
La probabilité que vous tombiez sur un sujet étudié pendant l’année est infime, donc le risque est grand qu’à vouloir à tout prix « caser » ce qu’on a appris par cœur, on déforme le sujet pour qu’il coïncide avec son cours. On tombe ainsi dans le hors-sujet, parce qu’on ne répond pas à la question posée, mais à celle qu’on aurait préférée. Le problème peut se poser aussi avec l’explication de texte si l’auteur a été étudié sur une autre thématique. N’oubliez pas : lisez le texte plusieurs fois, repérez le thème (ce dont il est question), la thèse (ce que l’auteur cherche à démontrer), les enjeux (à quels problèmes il répond et quels problèmes il soulève) et la structure de l’argumentation. De toute façon, la consigne est claire : la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise.
VIII. « Tu ne resteras pas en surface »
Outre les banalités et l’absence de problématique, « rester en surface » c’est aussi ne pas faire attention aux détails, qu’ils se trouvent dans les termes de la question (« Peut-on », « Doit-on », « tout », « toujours », etc.) ou dans le texte à expliquer. Dans ce cas, ne passez rien sous silence. Si vous ne comprenez pas bien un passage, ne faites pas comme s’il n’existait pas : proposez des interprétations, expliquez quels problèmes de compréhension il pose. Le principe essentiel est qu’il faut toujours dire plus que le texte, puisque « expliquer » signifie « déplier, déployer ». Dire moins, ce serait une note de synthèse, un résumé. Dire autant, c’est paraphraser, le plus souvent maladroitement. La pire explication de texte n’est pas celle qui commet des contresens (il y a d’ailleurs des contresens très bien argumentés), mais celle qui n’est pas entrée en dialogue avec le texte.
IX. « Tu ne viendras pas les mains dans les poches »
La philosophie, comme toutes les autres disciplines, se révise. Penser que la jugeote suffit est une grossière erreur : toute réflexion prend appui sur des connaissances. Vous devez donc connaître les auteurs, le vocabulaire technique, les notions du programme, des exemples précis, sinon vous ne ferez pas illusion bien longtemps. Si vous pensez ne pas avoir besoin de travailler pour réussir, interrogez-vous sur la cause de ce sentiment. Si c’est par indifférence à l’égard du travail bien fait, c’est dommage et vous aurez simplement perdu votre temps. Si c’est par peur de l’échec, je vous renvoie vers le dixième commandement.
X. « Tu ne partiras pas perdant(e) »
Peut-être n’avez-vous pas eu de bons résultats pendant l’année scolaire, mais vous pouvez très bien tomber sur un sujet qui vous passionne et réussir malgré tout. Peut-être vous dites-vous que vous n’y arriverez pas, que vous ne comprenez rien et que ce n’est pas fait pour vous, auquel cas vous pouvez vous accrocher à l’idée que vous serez bientôt libéré de la philosophie et qu’en attendant vous allez faire votre maximum.
Dans tous les cas, il est contre-productif et irrationnel de céder au stress, voire à la panique : le baccalauréat est un diplôme, ni plus ni moins. Ce serait démagogique de vous faire la liste des grandes personnalités qui ont réussi dans la vie sans avoir leur bac, mais elles existent. Surtout, le bac sanctionne des compétences scolaires, il ne dit rien de ce que vous êtes en tant que personne. Autrement dit, même si vous le ratiez (ce que je ne vous souhaite pas), cela ne ferait pas de vous un(e) nul (le) ou un(e) idiot(e) ! A vous aussi de le remettre à sa juste place.
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