« Panique totale » à Savè, dans le centre du Bénin, où deux personnes sont mortes
« Panique totale » à Savè, dans le centre du Bénin, où deux personnes sont mortes
Le Monde.fr avec AFP
L’armée et les manifestants s’affrontent dans le centre du pays sur fond de crise politique. Samedi, les violences se sont entendues à la ville de Savè.
Les violentes échauffourées qui frappent le Bénin depuis cinq jours ont provoqué la mort de deux personnes, samedi 15 juin, à Savè, dans le centre du pays. Les faits sont survenus dans la matinée, alors que les forces de sécurité tentaient de déloger les opposants, qui ont dressé des barricades et bloquent la route nationale depuis mardi, a rapporté un élu de la ville.
« Ce matin, un contingent de la police républicaine est venue débarrasser les barrages », a expliqué Timothée Biaou, le maire de la commune. « Il y a eu des échanges de tirs entre policiers et des individus masqués. Sept civils ont été reçus à l’hôpital et il y a aussi eu deux morts ». « La situation était très tendue encore ce matin, mais au moment où je vous parle, la route a été débloquée », a ajouté M. Biaou.
Ville morte
Dans cette commune moyenne du centre du Bénin, les rues étaient désertes, le marché vide, boutiques et commerces fermés, ont rapporté des journalistes de l’AFP. « Depuis hier soir, la circulation était bloquée. Les “chasseurs” [manifestants armés] avaient pris le contrôle de la route », a rapporté de son côté un témoin de la scène à l’Agence France-Presse (AFP). « Il y a eu des affrontements entre les militaires, la police et les chasseurs ».
« Samedi matin, il y a eu deux morts : le premier vers 10 heures, c’était un taxi-moto et le deuxième c’était un adolescent, qui était allé faire une course », a expliqué ce témoin. « La route a été débloquée, mais c’est la panique totale. Beaucoup de gens ont fui, les autres restent chez eux », a ajouté ce témoin sous couvert de l’anonymat.
Un peu plus au nord, à Tchaourou, commune d’origine de l’ancien président Thomas Boni Yayi, la situation reste toujours incertaine. La ville a totalement été désertée après cinq jours d’affrontements les opposants et la police. Le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia, a fait savoir vendredi soir « qu’une trentaine de policiers avaient été blessés » à Tchaourou, « où des groupuscules ont fait usage de fusil artisanal et d’armes blanches ».
Les violences se sont étendues à Savè jeudi lorsque les populations ont voulu bloquer la grande route nationale qui mène à Tchaourou pour empêcher l’accès d’un contingent de la police.
Crise politique
Le pays est en proie à une crise politique depuis les élections législatives du 28 avril, auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à présenter de candidats pour des raisons administratives. L’ancien président avait appelé la population à se soulever en signe de protestation et appelé le chef de l’Etat, Patrice Talon, a annulé le processus électoral.
Les 1er et 2 mai, des centaines de personnes s’étaient rassemblées autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou, craignant qu’il ne soit arrêté. La répression des manifestations par l’armée avait déjà fait au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et de nombreux blessés à travers le pays.
Des ONG de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays qui a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.