Dacian Ciolos, candidat à la place de Nathalie Loiseau à la présidence des libéraux européens
Dacian Ciolos, candidat à la place de Nathalie Loiseau à la présidence des libéraux européens
Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
L’ex-premier ministre roumain est en lice pour diriger le troisième groupe du Parlement européen, après le retrait de l’ancienne ministre française à la suite de ses attaques contre ses collègues.
Dacian Ciolos, à Bucarest (Roumanie), le 10 novembre 2015. / DANIEL MIHAILESCU / AFP
Il s’appelle Dacian Ciolos, il dispose d’un impressionnant curriculum vitae et il est le nouveau candidat soutenu par la Macronie pour présider le groupe des libéraux européens. Celui que le site d’information Politico qualifie déjà de « Roumain d’Emmanuel Macron », a confirmé, lundi 17 juin, qu’il convoitait la tête de l’ex-Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, rebaptisée « Renew Europe » la semaine dernière sur pression de Paris.
C’est le quasi-suicide politique de Nathalie Loiseau, la tête de la liste Renaissance, qui lui a ouvert opportunément la voie. Les propos à l’emporte-pièce tenus par l’ex-ministre du gouvernement Philippe, y compris contre sa propre famille politique, l’ont disqualifiée pour un poste nécessitant rondeur et qualité d’écoute. Surtout s’agissant de Renew Europe, une formation centriste constituée de nombreux partis sans grande cohésion idéologique.
Les eurodéputés pro-libre-échange du nord de l’Europe, opposés à l’intervention de l’Etat dans l’économie, s’étaient d’ailleurs inquiétés ces derniers jours de voir débarquer d’un coup vingt et un élus de la liste Renaissance. « Ils n’ont pas envie que le groupe soit piloté depuis l’Elysée », glissait une source parlementaire.
Premier ministre de la Roumanie entre 2015 et 2017, M. Ciolos fut également commissaire européen à l’agriculture et au développement durable, sous l’ère Barroso 2 (2010-2014). Très proche de Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, il est agronome de formation et a fait une partie de ses études en France. Ex-allié des conservateurs européens, il s’est récemment rapproché du centre.
Recoller les morceaux
Dacian Ciolos, qui a passé ces derniers jours au téléphone à tenter de convaincre les dirigeants des partis constitutifs de Renew Europe, sait en tout cas que le principal enjeu, surtout après l’épisode Loiseau, est de recoller les morceaux et de doter la formation paneuropéenne d’une colonne vertébrale forte. « Je suis parfaitement conscient du fait que le groupe sera d’autant plus fort qu’il est constitué d’un grand nombre d’élus [106 à ce jour], mais aussi qu’il est cohérent. J’ai l’intention de travailler particulièrement sur ce point », déclarait-il lundi matin.
Parviendra t-il à convaincre ? D’un strict point de vue arithmétique, le Roumain devrait pouvoir compter sur les vingt et une voix des élus Renaissance et sur presque une trentaine de représentants de l’Est européen. Pour s’assurer une majorité confortable, M. Ciolos devrait encore convaincre au moins une dizaine d’eurodéputés supplémentaires. La partie pourrait être disputée : vendredi, le Suédois Frederic Federley continuait à affirmer qu’il était « toujours dans la course » et, jointe lundi matin, la Néerlandaise Sophie In’t Veld affirmait « être candidate ». L’élection doit avoir lieu mercredi.
Si M. Ciolos est confirmé en lieu et place de Nathalie Loiseau, Renew Europe disposera à sa tête d’un homme politique reconnu et d’un expert des questions agricoles. Plutôt utile quand, dans les mois qui viennent, la négociation du budget de la politique agricole commune pour la période 2021-2027 reviendra à l’agenda. A Bruxelles, on retiendra quand même, et sans doute pour longtemps, l’échec du président Macron à prendre le contrôle d’une formation qui lui était pourtant promise, au vu de la performance de la liste Renaissance lors du scrutin européen.