L’enquête sur le meurtre d’un préfet allemand s’oriente vers l’extrême droite
L’enquête sur le meurtre d’un préfet allemand s’oriente vers l’extrême droite
Le Monde.fr avec AFP
Walter Lübcke était menacé de mort depuis 2016 pour avoir défendu l’accueil des migrants en Allemagne. Le principal suspect de son meurtre est dans la mouvance néonazie.
« Dans l’état actuel des investigations, nous partons du principe que nous avons affaire à un arrière-plan d’extrême droite. » Le parquet antiterroriste national allemand, qui s’est exprimé lundi 17 juin, tente de comprendre qui a tué l’élu local pro-migrant Walter Lübcke, retrouvé mort chez lui en juin.
Pour étayer cette thèse, le parquet général de Karlsruhe, compétent en matière terroriste ou de crime organisé, s’appuie notamment sur le passé du suspect, arrêté ce week-end. Il s’agit d’un homme de 45 ans proche de la mouvance néonazie et déjà condamné pour des faits de violences, notamment contre un foyer de migrants.
Les enquêteurs tentent de déterminer s’il avait des complices mais, pour le moment, « il n’y a aucun élément montrant que le suspect ait pu » agir dans le cadre d’un « groupuscule d’extrême droite » formé à cet effet. Le parquet fait référence au groupuscule néonazi allemand NSU, responsable du meurtre d’une dizaine d’immigrés en Allemagne au début des années 2000.
Balle à bout portant
L’élu local et haut fonctionnaire territorial Walter Lübcke, 65 ans, a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison à Wolfhagen, dans la banlieue de Kassel (centre). Il avait reçu une balle tirée à bout portant et baignait dans une mare de sang. Membre du parti de centre-droit d’Angela Merkel, il avait été visé par des menaces de mort depuis 2016 pour avoir défendu avec force l’accueil des migrants, décidé en 2015 par la chancelière. Son décès avait déclenché sur les réseaux sociaux une avalanche de commentaires, dont de nombreux saluant ce meurtre.
Si le mobile politique devait être confirmé, il s’agirait du premier meurtre de cette nature depuis les attentats de la Fraction armée rouge à partir des années 1970. En 1981, ce groupe d’extrême gauche avait tué un ministre régional de l’économie, membre du parti libéral FDP. Il s’agirait, en outre, du premier homicide d’un élu motivé par des idées radicales de droite depuis le Second conflit mondial. En Grande-Bretagne, une députée travailliste avait été mortellement poignardée en 2016 par un sympathisant d’extrême droite.