Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, était présent à l’inauguration des bus. Ici, à Valenciennes, le 21 juin 2019. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP

C’est au cœur d’un territoire minier marqué par plus de deux siècles d’extraction du charbon qu’ont été inaugurées, vendredi 21 juin, la première ligne française équipée à 100 % de bus électriques à pile à combustion alimentée à l’hydrogène et sa station d’alimentation. Du noir au vert, cette conversion du bassin minier est « tout un symbole qui est loin d’être un gadget », s’est félicité Philippe Vasseur, ancien ministre et président de la mission Rev3, mise en place en 2013 pour impulser une « troisième révolution industrielle en Hauts-de-France ».

Les six bus de 87 places reliant les communes d’Auchel à Bruay-la-Buissière sur la ligne B6 affichent la couleur sur leur carrosserie : « Je ne rejette que de l’eau ! » Installée à Albi, l’entreprise Safra a construit un véhicule électrique 100 % hydrogène qui permet une conduite sans émission de C02, alors qu’un bus au gasoil en rejette beaucoup. Le réservoir à hydrogène placé sur le toit recharge la batterie grâce à une pile combustible. Il y a zéro émission, zéro bruit et l’autonomie est de 300 kilomètres. Sophie Masure, ingénieure chargée du projet au sein du Syndicat mixte des transports Artois-Gohelle (SMT AG), explique : « Pour qu’une voiture avance, il faut du carburant. Ici, le carburant, c’est l’hydrogène. On utilise de l’eau et de l’électricité issue d’énergies renouvelables. Le procédé d’électrolyse permet de séparer l’oxygène de l’hydrogène de l’eau. » Et pour faire le plein à la station, capable de produire 210 kg par jour d’hydrogène gazeux, il ne faut que quinze minutes.

« C’est un plaisir à conduire »

William Mallet, chauffeur de bus, sourit : « C’est un plaisir à conduire. En un mot : sérénité. » Lors de l’inauguration, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, titulaire du permis bus, a hésité à prendre le volant. « Nous sommes fiers que ce soit le premier équipement en France de bus à hydrogène », a-t-il lancé en clin d’œil à Pau, qui dévoilera sa ligne de bus à hydrogène en septembre.

Les véhicules zéro émission s’inscrivent dans la ligne droite des engagements pris par la France en matière de réduction des émissions de CO2 dans son plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique. L’ambition nationale est de faire rouler 800 véhicules lourds à l’horizon 2023, dont des bus, puis entre 800 et 2 000 d’ici à 2028.

Dans le bassin minier, en plus des 6 nouveaux bus à hydrogène (950 000 euros par véhicule), 41 nouveaux bus hybrides de 18 mètres ont été mis en service en avril pour renforcer le réseau, complètement réorganisé, des 200 autocars existants. Le coût complet de ce projet intitulé Bulles s’élève à 405 millions d’euros (dont 213 millions pour les travaux d’infrastructures, 23 millions pour l’achat des 41 bus articulés, 22 millions pour le renouvellement du système d’information voyageurs et la billettique, et 12,9 millions pour le projet hydrogène, bus inclus). L’Etat avec 48,4 millions d’euros, l’Europe (33,5 millions), la région (31,7 millions), les agglomérations (13,2 millions) et le SMT Artois-Gohelle (à hauteur de 50%) ont tous mis la main au portefeuille pour inciter les habitants du Pas-de-Calais à lâcher la voiture.