Collecte de données : l’UFC-Que choisir lance une action de groupe contre Google
Collecte de données : l’UFC-Que choisir lance une action de groupe contre Google
Par Morgane Tual
L’association de défense des consommateurs accuse Google de collecter et d’exploiter illégalement les données personnelles des utilisateurs du système d’exploitation Android.
Google a déjà été condamné à une amende record pour avoir enfreint la réglementation européenne sur les données personnelles. / ARND WIEGMANN / REUTERS
Nouvelle attaque contre Google. Mercredi 26 juin, l’UFC-Que choisir a annoncé le lancement d’une action de groupe contre l’entreprise américaine, qu’elle accuse de collecter et d’exploiter illégalement les données de ses utilisateurs. Selon l’association française de consommateurs, Google enfreint le nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles (le RGPD, adopté en 2018).
« Le consentement des utilisateurs pour la collecte et le traitement des données personnelles, notamment à des fins de publicités ciblées, n’est pas obtenu dans le respect de la réglementation », écrit l’UFC-Que choisir sur son site. L’association reproche aussi à Google « l’intrusion massive dans la vie privée des utilisateurs et l’ampleur du traitement des données ».
Elle réclame que Google cesse d’exploiter les données ainsi collectées, « obtienne un réel consentement » des utilisateurs avant de récupérer leurs données, et indemnise « l’ensemble des consommateurs détenteurs d’un équipement Android (téléphone, tablette…) et titulaire d’un compte Google à hauteur de 1 000 euros ».
« Cases précochées camouflées »
Si l’UFC-Que choisir se concentre « uniquement » sur les utilisateurs d’Android, le système d’exploitation pour appareils mobiles de Google (et le plus utilisé au monde), c’est qu’ils représentent, selon l’association, « les premières “victimes” des pratiques du géant de l’Internet ». Elle souligne que les utilisateurs d’Android sont « très fortement » invités à créer un compte Google, indispensable pour télécharger des applications sur Google Play.
Mais le processus de création de ce compte est dénoncé par l’association : « Nous considérons que le consentement des utilisateurs n’est pas obtenu de façon légale, notamment au travers de cases précochées camouflées. » Selon elle, les utilisateurs ne sont donc pas informés de l’ampleur et de la finalité de la collecte de leurs données personnelles par Google :
« Savez-vous que même lorsque vous n’utilisez pas votre smartphone, Google communique avec votre appareil Android de façon continue ? Ce dernier transmet votre position géographique, les appels, e-mails et SMS reçus. Si vous prenez votre téléphone en main et l’utilisez, Google collectera en plus des informations sur les services et applications que vous utilisez, votre carnet d’adresses, les e-mails que vous envoyez, etc. »
Google déjà lourdement condamné
Les personnes pouvant se joindre à l’action de groupe sont, précise l’association, les utilisateurs des versions 5 à 9 d’Android. Pour y participer, il faudra d’abord attendre la décision du tribunal, qui pourrait prendre plusieurs années. « Si le juge nous donnait raison, c’est potentiellement 28 millions d’utilisateurs d’appareils Android en France qui pourraient avoir droit à une indemnisation », a affirmé Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir, à l’Agence France-Presse.
Contacté par Le Monde, Google France a déclaré ne pas avoir de commentaires à faire sur cette action de groupe, dont elle n’a pas encore lu le dossier complet. Mais l’entreprise a défendu, lors de notre demande de précisions, son « processus de consentement » pour les utilisateurs de ces services, qu’elle estime le plus « équilibré » possible.
Depuis l’entrée en vigueur du RGPD, l’an dernier, Google fait l’objet de plusieurs plaintes et enquêtes sur la façon dont elle collecte et exploite les données personnelles de ses utilisateurs. L’entreprise a d’ailleurs été condamnée à une amende record en France en janvier : la CNIL, le gendarme français des données personnelles, lui a infligé une sanction record de 50 millions d’euros pour ne pas informer assez clairement ses utilisateurs. Google a depuis fait appel de cette décision.