Lotta Schelin / Anders Henrikson/CC BY 2.0

CHRONIQUE. Depuis des semaines, voire des mois, tout le monde parlait de ce quart de finale comme si c’était déjà fait. On a finalement bien le droit à ce choc, mais ça n’a pas été évident pour chacune des deux équipes, ce qui est plutôt une bonne chose. Lundi 24 juin, en huitièmes de finale, l’Espagne a montré qu’il était possible d’embêter les Etats-Unis.

Je comprends l’attente et l’excitation autour de cette rencontre qui s’annonce comme un superbe match. C’est une finale avant l’heure. Mais toutes les équipes le savent, pour devenir championne du monde, il faut être capable de battre toutes les autres.

A mon arrivée en France, en 2008, jusqu’à mon départ, en 2016, j’ai pu me rendre compte que les footballeuses françaises avaient énormément de talent. Le défi est de pouvoir donner sa pleine mesure quand il le faut, c’est-à-dire être à 100 % le jour J.

Au niveau de la qualité des deux équipes, si l’on s’en tient aux onze titulaires et aux trois ou quatre remplaçantes, il y a des joueuses de grand talent des deux côtés. Mais être prêtes mentalement et physiquement quand il le faut, les Américaines savent faire. En ce sens, elles possèdent un avantage sur les Bleues, qui n’ont jamais encore réussi à monter sur un podium ou à gagner un titre. Je les donnerais légèrement favorites par rapport à ça.

De son côté, la France pourra compter sur un soutien populaire énorme. C’est peut-être le moment de changer les choses pour les Bleues. Elles ont vu les Etats-Unis en difficulté contre les Espagnoles. Pourquoi ça ne marcherait pas pour elles ?

Oser attaquer

Vendredi, les Américaines vont, comme à leur habitude, attaquer à fond le match et gagner les ballons très haut sur le terrain. Elles ont toujours envie de marquer d’entrée. Mais elles n’aiment pas trop travailler défensivement et avoir des ballons dans leur dos, donc si la France ose attaquer, les presser…

Quand tu joues contre une équipe comme les Etats-Unis, qui gagne presque toujours, tu as tendance à partir avec un désavantage : tu fais deux pas en arrière, quand elles en font deux en avant. Il y a le risque de se sentir fébrile et acculé, d’avoir peur d’aller de l’avant.

La confiance des joueuses américaines est incroyable. On a vu la déclaration d’Ali Krieger : « On a la meilleure équipe… et la deuxième meilleure équipe du monde. » Ce n’est peut-être pas vrai mais c’est sûr que leur banc est extraordinaire. En tout cas, cela montre leur état d’esprit conquérant.

Le jeu de l’équipe de France a été un peu critiqué depuis le début de la Coupe du monde. Vous, les Français, êtes parfois un peu durs avec vos joueuses. En Suède, on parle beaucoup des Bleues comme étant l’une des meilleures équipes. Ce qui est certain, c’est qu’elles vont élever leur niveau de jeu face à la meilleure sélection.

Ma seule crainte, c’est que, si les Bleues encaissent un but rapidement, le doute s’immiscera dans leurs têtes. Elles sont toujours stressées dans cette situation et il ne faut surtout pas. J’espère qu’elles marqueront en premier.

Lotta Schelin est l’ancienne attaquante de la Suède et de l’OL. Aujourd’hui consultante pour la télévision suédoise, elle analyse pour « Le Monde » la Coupe du monde.