« Dois-je insister, m’inquiéter ? Peut-on coucher un bébé sans dîner ? » : 24 heures dans la vie caniculaire d’une jeune maman
« Dois-je insister, m’inquiéter ? Peut-on coucher un bébé sans dîner ? » : 24 heures dans la vie caniculaire d’une jeune maman
Par Claire Mayer (Bordeaux, correspondance)
Repas, vêtement, sorties, bains… Du réveil au coucher, des dizaines de questions se bousculent pour prendre au mieux soin d’un petit enfant en période de canicule.
Afin d’éviter toute hydrocution, un bain pour bébé doit rester à 35 degrés minimum. Pas très rafraîchissant. / Joseph Giacomin/Carte Blanche / Photononstop / Joseph Giacomin/Carte Blanche / Photononstop
La canicule, on la redoute dès le réveil. Celui de ma fille d’un an débute plus tôt qu’à l’accoutumée, lorsque la chaleur envahit dès l’aurore les appartements bordelais aux vieilles pierres, qui ont la réputation de conserver les températures élevées. S’ensuit un premier questionnement sur les vêtements les plus appropriés pour affronter cette journée caniculaire.
Puis le départ pour la crèche, non sans de nouvelles interrogations. Les établissements accueillants de jeunes enfants ne peuvent généralement pas faire usage de climatiseurs. Pire, pas de ventilateurs non plus. On nous répond que la clim peut être un vecteur microbien et j’en ai d’ailleurs fait les frais. Lors d’une balade dominicale, la clim bien installée dans la voiture a valu à ma fille un rhume très délicat en période de grosse chaleur. Fièvre et canicule ne font pas bon ménage.
Allons-y pour une journée sans clim. Le personnel des crèches, un peu désemparé, tente de créer des courants d’air (qui ne seraient pas bons non plus pour les jeunes enfants) tout en les laissant dans leur plus simple appareil, ou en installant une petite baignoire d’appoint dans la pièce centrale, pour rafraîchir les enfants, chacun leur tour. Rassurée, je m’en vais affronter ma propre journée d’adulte.
Enfants énervés, sorties évitées
Au moment de récupérer ma fille en fin de journée, je retrouve une atmosphère combinée de chaleur et de pleurs ; l’assistante maternelle, elle-même au bord de la syncope, me raconte une journée faite de siestes chaotiques voire inexistantes, d’enfants énervés, de sorties évitées.
Sur le chemin du retour, j’hésite. En temps de canicule, plusieurs options s’offrent à nous, parents. Faire ses courses dans un centre commercial, viser un parc ombragé ? Mais la problématique de la clim reste toujours la même, et pour éviter que l’angine de ma fille ne tourne au vinaigre, je décide d’écarter la première option : le centre commercial un premier jour de soldes serait peut-être pire que la canicule. Reste le parc. Motivée, j’y emmène Romane, et la mairie a justement étendu les horaires de fermeture des espaces verts à 22 heures.
Seulement, ils sont évidemment pris d’assaut, et les jeux pour enfants et leurs toboggans en acier ne me paraissent pas être la meilleure des idées. Après un tour du parc, je décide de renoncer. Une mère engage la conversation. Je m’en réjouis. Les bons conseils pour vaincre la canicule vont bon train, mais tournent rapidement à la culpabilisation. L’ai-je bien hydratée ? Rafraîchie ? N’ai-je pas oublié de la tartiner de crème solaire ? Mais où est son chapeau, le soleil tape !
Un bon bain rafraîchissant, à 35 degrés minimum
Je remercie poliment la jeune maman et rebrousse chemin. La solution réside peut-être dans un bon bain rafraîchissant. Mais dès la porte refermée sur mon appartement cuisant, ma fille commence à gémir. A un an, difficile de comprendre ce qui les rend malheureux. Le rhume ? La chaleur ? La faim ? La soif ? La fatigue ? Je tente donc chacune de ces catégories, un gâteau dans une main, un biberon d’eau dans l’autre. Sans succès. Vient donc le bain, qui doit rester à 35 degrés minimum, pour éviter toute hydrocution. Pas très rafraîchissant. Le bain achevé, ma fille, en tenue légère, est rapidement réchauffée. Le repas se complique, la chaleur lui coupe l’appétit. Dois-je insister, m’inquiéter ? Peut-on coucher un bébé sans dîner ?
Je décide finalement de la coucher, non sans m’interroger – encore une fois – sur la tenue idéale pour dormir. A 21 heures, elle n’a toujours pas trouvé le sommeil. Je me demande même s’il ne faut pas tenter une sortie nocturne, il semblerait que le temps soit plus clément dehors qu’entre les murs de mon appartement. Mais de peur de chambouler son rythme, je décide d’attendre, impatiemment, qu’elle trouve le sommeil, à grand renfort de gant de toilette humide. Finalement, à 22 heures, elle fermera les yeux. Débute alors une réflexion sur le week-end caniculaire qui approche, et les conseils avisés de rester enfermé avec de jeunes enfants de 11 heures à 16 heures, tout en évitant les plages et la chaleur qui se répercute sur le sable. La nuit va être longue.