« Vends 2 pièces à Beyrouth » : Jérémy Ferrari s’attaque à tous les tabous
« Vends 2 pièces à Beyrouth » : Jérémy Ferrari s’attaque à tous les tabous
Par Sandrine Blanchard
Tout en révolte et sans gants, l’humoriste analyse l’état du monde dans un one-man-show guerrier.
Jérémy Ferrari sur l’affiche de son spectacle « Vends 2 pièces à Beyrouth ». / C8 / CANAL+
Difficile de faire plus féroce et plus risqué que ce one-man-show guerrier intitulé Vends 2 pièces à Beyrouth. Cinglant de la première à la dernière minute, Jérémy Ferrari n’évite aucun sujet qui fâche très fort, prend de front son public et fait du cynisme de notre monde le terreau de son humour noir.
« Te sens-tu capable de désarmer un terroriste qui n’a pas peur de mourir ? », demande l’humoriste à un spectateur désigné « chef de sécurité du public du fond de salle » en cas de Bataclan bis. Et il ajoute : « J’ai choisi ce jeune homme parce qu’il ne manquera à personne. » Le ton est donné, soutenu par une bande-son digne de la série américaine 24 heures chrono. Jérémy Ferrari se déchaîne sur le terrorisme et la guerre, « emmerde » tous les pouvoirs et tous les « sans couilles » de la liberté d’expression (« c’est au public de fixer les limites, pas aux médias »), s’attaque à tous les tabous (comme l’appel aux dons culpabilisant de certaines ONG pleines aux as).
Réelles prises de risque
En citoyen dépassé par les événements, il tente de comprendre à qui profite le crime, comment on en est arrivé là. Fait un cours d’histoire en accéléré (de la naissance de Mahomet aux attentats du 11-Septembre) à l’usage de ceux qui ne comprennent rien aux conflits qui secouent le Proche-Orient et aux différences entre sunnites et chiites. Il tacle, avec fracas, les dirigeants et leurs conseillers (mention spéciale à BHL) qui attaquent des pays soi-disant pour « rendre la liberté au peuple » mais partent avant que cette liberté soit acquise et s’étonnent ensuite d’être confrontés au « problème des migrants ».
Pour écrire ce texte, qui comporte de réelles prises de risque, Jérémy Ferrari a arrêté la scène pendant près de deux ans. Comme pour son précédent one-man-show, Hallelujah bordel !, qui dénonçait les dérives des trois grandes religions monothéistes, ce « sans-diplôme » (il a quitté l’école en 2de), fils unique de parents épiciers, élevé dans un quartier populaire de Charleville-Mézières, s’est plongé dans son sujet avant de le vulgariser et d’en faire une matière humoristique. Sur son site Internet, il a mis en téléchargement, toutes les sources « vérifiées » dont il s’est nourri pour son spectacle.
Bande annonce Vends 2 Pièces à Beyrouth
Durée : 01:51
Vends 2 pièces à Beyrouth, spectacle écrit, interprété et mis en scène par Jérémy Ferrari, enregistré au Zénith de Lille, le 14 mars 2017 (150 min). www.facebook.com/watch/?v=10154173106291498