Une femme de 20 ans enceinte meurt sous les coups de son conjoint à Saint-Denis
Une femme de 20 ans enceinte meurt sous les coups de son conjoint à Saint-Denis
Le Monde.fr avec AFP
Elle est la 71e victime de féminicide en France depuis le début de l’année.
Leila, une femme de 20 ans enceinte de trois mois, est morte frappée par son mari mercredi 4 juillet au matin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Il s’agit de la 71e victime de féminicide en France depuis le début de l’année 2019.
Ce sont les cris de la jeune femme qui ont alerté un voisin de palier. Après avoir entendu des hurlements, celui-ci a sonné chez la victime. Lorsque son conjoint, 22 ans, a ouvert la porte, le voisin a vu le corps inanimé de cette femme et a appelé les secours.
La victime portait plusieurs traces de coups. Elle a été ranimée par les secours avant d’être prise en charge à l’hôpital Delafontaine, où elle a succombé à ses blessures, tout comme le fœtus qu’elle portait. Son compagnon a été placé en garde à vue pour homicide volontaire, selon RMC. Leila, la jeune femme tuée, avait déposé la veille une main courante contre son conjoint pour dénoncer de précédentes violences conjugales.
Jusqu’ici, 70 féminicides avaient été dénombrés depuis le début de l’année 2019 par le Collectif des proches et familles de victimes de féminicides. En 2017, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit près d’une tous les trois jours, contre 123 en 2016, selon des chiffres communiqués par le gouvernement.
Un « die-in » pour alerter l’opinion et le gouvernement
Avec pour mot d’ordre « protégeons-les », la Fondation des femmes et plusieurs organisations féministes (Collectif féministe contre le viol, #NousToutes, Fédération nationale solidarité femmes…), appellent à se réunir samedi à 17 heures sur la place de la République à Paris afin d’alerter sur la réalité des féminicides conjugaux. Céline Lolivret, l’une des organisatrices, souhaite dans Libé que ce « die-in » (une forme de manifestation dans laquelle les participants simulent la mort) soit interprété comme un « cri d’alarme ».
Dimanche dernier, le Collectif des proches et familles de victimes de féminicides signait une tribune publiée dans Le Parisien, dans laquelle celui-ci demandait « solennellement au président de la République d’être le premier homme politique français à mettre fin à ce massacre ».
Combien faudra-t-il de meurtres, d’orphelins et de marches blanches pour que nous prenions enfin conscience de la gravité du problème ?
Près de 220 000 femmes subissent des violences de leur conjoint
La ministre de la justice, Nicole Belloubet, a expliqué au début de la semaine vouloir « généraliser » l’utilisation d’un bracelet électronique permettant de maintenir à distance les ex-conjoints violents pour lutter contre les violences conjugales.
Utilisé dans plusieurs pays européens dont l’Espagne, où les chiffres des meurtres de femmes ont baissé de manière significative depuis dix ans, le port de ce bracelet est prévu par la loi en France depuis février 2017. Mais il n’a encore jamais été testé, malgré les demandes répétées de la juridiction de Pontoise (Val-d’Oise) pour une expérimentation.
Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.