Contretemps pour la transformation de la gare du Nord
Contretemps pour la transformation de la gare du Nord
Par Grégoire Allix
La commission départementale d’aménagement commercial a rendu un avis défavorable à la multiplication par cinq des boutiques et restaurants.
A la gare du Nord, à Paris, en avril 2018. / CHRISTOPHE SIMON / AFP
La transformation de la gare du Nord, l’un des plus spectaculaires chantiers prévus dans la capitale d’ici aux Jeux olympiques de 2024, vient de connaître son premier contretemps. La commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) de Paris a rendu un avis défavorable au volet commercial du projet le 27 juin, comme l’a révélé, mardi 9 juillet, l’agence spécialisée News Tank Cities. Un veto qui empêche la délivrance du permis de construire à ce stade, même si les promoteurs ont saisi la commission nationale en appel. Sa décision est attendue à l’automne.
« L’avis de la CDAC n’a pas d’incidence sur le calendrier du projet », assure StatioNord, la société d’économie mixte qui réunit pour cette opération la filiale de la SNCF Gares & Connexions et Ceetrus, la branche immobilière du groupe Auchan. Pour Ceetrus, dont le projet de mégacomplexe de commerces et de loisirs EuropaCity, au nord de Paris, affronte une vive opposition et des déboires administratifs, la mue de la gare du Nord doit incarner la nouvelle ambition du groupe dans les projets urbains.
Un coût de 600 millions d’euros
Ce projet d’un coût de 600 millions d’euros doit porter la superficie de la gare de 36 000 à 110 000 m2 au gré d’une prouesse architecturale signée par l’agence Valode et Pistre. Un triplement censé permettre d’absorber la croissance du trafic de 700 000 passagers par jour à 900 000 prévus en 2030, de fluidifier les circulations et les accès au métro, d’améliorer la gare routière et de restructurer les abords du bâtiment. Mais dans la lignée des rénovations entreprises depuis quelques années par Gares & Connexions, la nouvelle gare du Nord promet aussi de devenir un « lieu de vie » – bureaux, jardin, équipements sportifs et culturels – et un vaste espace commercial, essentiel à l’équilibre économique de l’opération.
Les surfaces de vente doivent ainsi passer de 3 600 à près de 20 000 m2, l’équivalent de deux gros hypermarchés. Une hausse de 457 % « surdimensionnée », estime la CDAC, qui pourrait « porter atteinte au tissu commercial environnant » et donc à « la vie urbaine du quartier ». La commission s’interroge aussi sur « la viabilité et la pérennité » de ce projet dont « l’attractivité commerciale n’est pas établie », soulignant que, dans les plans, les boutiques seront éloignées des lieux de vie. Elle déplore enfin que la gare routière voie sa surface divisée par trois et soit « enfermée dans une cour », plutôt que « connectée sur l’espace public ».
Les équipes de StatioNord « poursuivent sereinement le projet »
StatioNord espère toujours obtenir le permis de construire fin 2019 ou début 2020, pour pouvoir achever le chantier avant les JO. Pour cela, il lui faut impérativement obtenir un avis favorable de la commission nationale. Le promoteur rappelle que le projet de rénovation de la gare Montparnasse avait, lui aussi, été rejeté par la CDAC avant d’être validé en appel. Les équipes de StatioNord « poursuivent sereinement le projet en association étroite avec la préfecture de région et la Ville de Paris », indique le promoteur.
Pas sûr que la sérénité demeure longtemps au programme. L’autorisation a été refusée par deux votes défavorables, dont celui de l’émissaire du conseil régional, et six abstentions, dont celles des représentants de la municipalité parisienne et de la mairie d’arrondissement.