Le groupe Mashrou’Leila en concert à Ehden, au Liban, le 12 août 2017. / Jamal Saidi / REUTERS

Un chanteur ouvertement gay, des textes engagés disséquant des questions sociales et abordant les problématiques LGBT… Le groupe de rock alternatif libanais Mashrou’ Leila détonne dans le paysage musical du monde arabe. Dénonçant des atteintes à la sacralité de symboles chrétiens, des appels à annuler son concert lors d’un festival en août se sont multipliés ces derniers jours. Jeudi 25 juillet, les organisateurs du festival ont fait savoir que le groupe pourrait se produire au Liban, à condition qu’il s’excuse pour deux de ses chansons.

A l’origine de la controverse : un article partagé sur Facebook par le leader du groupe, Hamed Sinno, illustré par un photomontage où le visage de la Vierge Marie a été remplacé par celui de la star américaine Madonna. Le groupe – formé en 2008 par des étudiants de l’Université américaine de Beyrouth –, a retiré l’article publié sur le réseau social à la demande de la sûreté générale, a indiqué le parquet.

L’archevêché maronite de Jbeil – ville au nord de Beyrouth également connue sous le nom de Byblos, et où le groupe doit se produire le 9 août lors d’un festival – a réclamé lundi l’annulation du concert, dénonçant « les objectifs du groupe et le contenu de leurs chansons », qui « portent atteinte dans leur majorité aux valeurs religieuses et humaines et s’attaquent aux symboles sacrés du christianisme ». Mashrou’ Leila a assuré lundi dans un communiqué qu’il « respectait toutes les religions et leurs symboles », regrettant « la distorsion des paroles de certaines chansons et de fausses interprétations ».

Vague de répression contre la communauté homosexuelle

Le directeur artistique du festival, Naji Baz, a indiqué mercredi soir qu’un compromis avait été trouvé après une réunion avec l’archevêque de Jbeil. « Nous avons trouvé un accord selon lequel le concert aura lieu comme prévu, si le groupe organise une conférence de presse dans les jours à venir », a déclaré M. Baz.

A cette occasion, ils devront « s’excuser auprès de ceux qu’ils ont pu offenser » avec deux chansons considérées comme « insultant la sacralité des symboles chrétiens ». Ces deux chansons, Idols et Djin, ne seront pas chantées lors du Festival de Byblos, a-t-il indiqué.

Après un concert du groupe en Egypte en 2017 durant lequel des spectateurs avaient brandi le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, les autorités avaient lancé une vague de répression contre la communauté homosexuelle, procédant à plusieurs arrestations. En Jordanie, des concerts avaient été annulés en 2016 et en 2017, à la suite notamment de protestations de parlementaires conservateurs.