Le tome 4 de « La Rose de Versailles » rassemble de courts récits sur des personnages de l’histoire originale. / Kana

« A l’époque, je n’avais pas été tout à fait satisfaite de la fin de la série. » En préambule du quatrième et tome de La Rose de Versailles, sorti le 5 juillet en France, sa créatrice Riyoko Ikeda raconte comment, en 1973, le magazine Margaret lui demanda de terminer rapidement la série qui l’avait rendu célèbre.

« Après la mort d’Oscar, la rédaction m’avait demandé de conclure la série en dix semaines (soit 10 épisodes). Il y a pourtant beaucoup d’histoires que je voulais dessiner. »

Une quarantaine d’années plus tard, le magazine lui en a finalement donné l’occasion, en lui permettant de publier entre 2013 et 2018 une série de courtes histoires se déroulant dans l’univers de La Rose de Versailles. Elles sont aujourd’hui traduites en français et réunies dans un quatrième volume édité par Kana.

Un prolongement inespéré

La Rose de Versailles raconte le destin croisé de deux femmes, rattrapées par les grondements de la Révolution française : la jeune Marie-Antoinette, dauphine du trône de France, et Oscar de Jarjayes, sa garde du corps, élevée comme un homme par son père militaire. Riyoko Ikeda détaille l’histoire de ces deux personnages, l’un réel et l’autre fictif, sur une trentaine d’années, se concluant avec le destin tragique de Marie-Antoinette que l’on connaît.

Une fin un peu expéditive, il est vrai, tout du moins pour les autres personnages qu’Oscar – il faut dire que ce personnage entièrement imaginaire attirait la lumière. Quarante ans plus tard, l’erreur est réparée, et les fans de La Rose de Versailles peuvent désormais connaître le destin des autres protagonistes de ce manga-culte.

Dans ce quatrième tome, on en apprend plus sur les derniers jours de Marie-Antoinette, ainsi que sur le destin de son amant Axel de Fersen et même du père d’Oscar. / Kana

Car c’est bien à eux que s’adresse ce quatrième volume : il n’est pas indispensable – l’œuvre se tenait tout de même bien sans lui – mais complète et enrichit l’ensemble. C’est surtout un prolongement inespéré de l’univers mis en scène par Riyoko Ikeda dans les années 1970, avant qu’elle ne délaisse le manga pour le chant.

Des scènes revisitées

Le résultat est généreux : pas moins de 800 pages au fil desquelles se déroulent neuf histoires. Les derniers jours de Marie-Antoinette à la conciergerie, le destin du comte de Fersen dévasté par la mort de la reine, le sort d’Alain, de Rosalie, de Bernard… Toutefois, ces histoires ne s’attardent pas seulement sur « l’après », mais revisitent également, sous un autre angle, certains passages du manga initial. On assiste ainsi à des scènes que l’on a déjà lues, mais qui prennent une autre tournure, à travers les yeux d’autres personnages, mais aussi à des anecdotes se déroulant dans le passé des personnages, comme l’enfance d’André, le compagnon d’Oscar, avant qu’il ne la rencontre.

Certaines de ces courtes histoires se déroulent dans la jeunesse des personnages. De nombreuses pages sont d’ailleurs consacrées à Girodelle, qui gagne en substance. / Kana

On pioche dans ce tome IV avec nostalgie, déçus peut-être d’y trouver trop peu d’Oscar (bien que l’une de ces histoires, très émouvante, lui soit entièrement consacrée). Mais ravis que certains personnages gagnent considérablement en substance par rapport à l’œuvre initiale, comme Girodelle, collègue et prétendant d’Oscar, ou François de Jarjayes, le père de l’héroïne. Si la qualité des récits est inégale, les fans retrouveront tout ce qu’ils ont aimé des premiers tomes : la petite et la grande histoire, la réalité et la fiction entremêlées, et surtout, cette galerie de personnages inoubliables. Même le dessin n’a pas changé, Riyoko Ikeda assumant jusqu’au bout sa délicieuse plume rétro.

La Rose de Versailles, tome IV, de Riyoko Ikeda, traduit par Misato Raillard et Thibaud Desbief, éditions Kana, 800 pages, sorti le 5 juillet, 19 euros.