La crise politique à Hongkong a franchi une nouvelle étape, lundi 5 août, avec une journée de grève générale et de blocages émaillée d’affrontements entre les militants prodémocratie, hostiles à l’emprise croissante de la Chine sur le territoire autonome, et les forces de police.

Après les manifestations du week-end, des protestataires sont descendus dans la matinée de lundi dans plusieurs stations stratégiques du réseau de métro à l’heure de pointe pour bloquer les portes des rames et empêcher les trains de partir. Cette action coup de poing a eu pour effet de paralyser pendant plusieurs heures un réseau d’ordinaire très régulier. Alors qu’à l’heure de pointe, certaines rames peuvent embarquer toutes les deux minutes plus de 3 500 personnes, d’immenses files d’attente se sont formées dans les couloirs et aux abords des stations.

Dans l’après-midi, sept manifestations simultanées ont eu lieu, constituant un défi pour des forces de l’ordre qui, soumises à rude épreuve depuis deux mois, concentrent la colère des manifestants. Des gaz lacrymogènes ont encore été utilisés dans au moins quatre endroits différents, notamment près du parlement local. Les autorités ont annoncé avoir tiré plus d’un millier de grenades lacrymogènes et 160 balles en caoutchouc depuis le début de la contestation le 9 juin, et précisé que 420 personnes avaient été arrêtées et 139 policiers blessés.

Attaques

Dans la soirée, des hommes non identifiés et armés de bâtons ont aussi attaqué un groupe de manifestants. En juillet, une embuscade similaire avait été menée contre des protestataires par des membres des triades.

Malgré ces tensions, beaucoup de Hongkongais disent soutenir la mobilisation. Si le mouvement avait débuté en juin par le rejet d’un projet de loi qui devait permettre d’autoriser les extraditions vers la Chine, ses revendications se sont élargies et la suspension du texte n’a pas diminué la mobilisation.

Les protestataires exigent dorénavant plus de garanties en matière de démocratie et dénoncent le recul des libertés à Hongkong. « Le mouvement continuera de s’étendre tant que le gouvernement n’aura pas répondu », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un fonctionnaire attendant que les métros reprennent. Fait rarissime dans cette place forte de la finance internationale où les syndicats n’ont que peu d’influence, la grève générale de lundi a pour but de démontrer aux autorités chinoises que, deux mois après le début du mouvement, la contestation ne s’est pas essoufflée. « La grève politique semble très soutenue aujourd’hui, ce qui est aussi la conséquence de l’escalade des violences entre la police et les manifestants », a déclaré à l’AFP le politologue Dixon Wong.

Conférence de presse chinoise mardi

Mais la chef de l’exécutif pro-Pékin, Carrie Lam, dont les manifestants réclament la démission, sait qu’elle peut compter sur l’appui de Pékin. L’armée populaire de libération (APL) a même proposé la semaine dernière ses services pour rétablir l’ordre. Les événements de Hongkong sont en effet considérés comme la plus grave crise politique connue par le territoire depuis sa rétrocession par le Royaume-Uni, en 1997.

« Des perturbations aussi intenses (…) ont sérieusement sapé la loi et l’ordre à Hongkong et poussent la ville au bord d’une situation très dangereuse », a dénoncé Mme Lam, lors de sa première conférence de presse en plus de deux semaines. Faisant référence à des slogans révolutionnaires, elle a présenté la contestation comme une atteinte à l’existence même de Hongkong. « J’ose affirmer que cela vise à renverser Hongkong, à détruire complètement la précieuse vie de plus de sept millions de personnes », a-t-elle accusé, assurant que « le gouvernement sera ferme pour maintenir la loi et l’ordre et rétablir la confiance ».

De son côté, le gouvernement chinois a annoncé une conférence de presse pour mardi. En vertu du principe « Un pays, deux systèmes », Hongkong jouit jusqu’en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s’inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord et accroître sa mainmise.

Pourquoi Hongkong est (encore) dans la rue
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