Football : en RDC, le sélectionneur Florent Ibenge tire sa révérence
Football : en RDC, le sélectionneur Florent Ibenge tire sa révérence
Par Alexis Billebault
Outre ses résultats sportifs globalement positifs, l’entraîneur des Léopards a largement contribué au regain d’attractivité de la sélection congolaise.
L’entraîneur congolais Florent Ibenge lors de la Coupe d’Afrique des nations à Bata, en Guinée équatoriale, le 4 février 2015. / KHALED DESOUKI / AFP
Il affichait le record de longévité sur le banc d’une sélection africaine de football, à un poste notoirement instable et très exposé. Nommé en août 2014, après le départ de Claude Le Roy et le bref intérim de Santos Muntubile, Florent Ibenge, 57 ans, sera resté cinq ans le sélectionneur des Léopards, un record absolu en République démocratique du Congo (RDC), où l’espérance de vie sportive d’un sélectionneur excède rarement deux ans.
Florent Ibenge a officialisé son départ mercredi 7 août, après une longue entrevue avec Constant Omari, le président de la Fédération congolaise de football (Fecofa). La décision du technicien était prise depuis longtemps et un meilleur parcours de la RDC lors de la Coupe d’Afrique des nations 2019 (CAN), où elle a été éliminée en huitième de finale par Madagascar (2-2, 4-2 aux tirs au but), n’aurait rien changé.
Le coach n’est pas resté insensible aux critiques parfois virulentes des supporteurs. « Il est fatigué et les deux dernières années n’ont pas été faciles. Il y a eu des choses très dures dites ou écrites sur lui », explique un proche de l’équipe nationale.
Davantage de professionnalisme
En cinq ans, Florent Ibenge a obtenu des résultats, mais il n’a pas réussi à faire aussi bien que le Macédonien Blagoje Vidinic (1971-1974), avec qui le Zaïre avait été sacré champion d’Afrique en 1974 en Egypte et avait participé à la Coupe du monde la même année en Allemagne de l’Ouest, où l’aventure s’était cependant soldée par un fiasco (trois défaites, dont un 0-9 mémorable face à la Yougoslavie). Les Léopards n’ont pas réussi à imiter leurs glorieux ancêtres, échouant aux portes de la qualification pour la Coupe du monde 2018 en Russie, notamment à cause d’un match nul à Kinshasa face à la Tunisie (2-2, alors qu’ils menaient 2-0 à quinze minutes du coup de sifflet final).
Lors de la CAN 2015 en Guinée équatoriale, la RDC s’était inclinée en demi-finale face à la Côte d’Ivoire (1-3) d’Hervé Renard, qui remporta le titre. Plusieurs fois, Florent Ibenge a eu l’occasion d’exprimer sa frustration après cette rencontre, évoquant un événement survenu dans les heures précédant la confrontation avec les Eléphants, mais sans donner davantage de détails. Deux ans plus tard, au Gabon, les Congolais atteignaient les quarts de finale (1-2 contre le Ghana), après avoir battu le Maroc du même Hervé Renard au premier tour (1-0).
Florent Ibenge aura remporté un titre avec la sélection congolaise, lors du Championnat d’Afrique des nations 2016 organisé au Rwanda. Mais outre ses résultats sportifs globalement positifs, il a largement contribué à l’amélioration des conditions de travail des Léopards. Avant lui, plusieurs sélectionneurs, imités par de nombreux joueurs, avaient régulièrement pointé du doigt une organisation manquant de professionnalisme.
« Ici, les années comptent doublent »
Grâce à des évolutions significatives, notamment dans les domaines des voyages, de l’hébergement, de la qualité des équipements ou du versement des primes, la RDC est redevenue une sélection attractive. Plusieurs joueurs qui lui avaient tourné le dos ou refusaient de la rejoindre ont finalement accepté de porter le maillot bleu et rouge. On retrouve parmi eux Neeskens Kebano, Gaël Kakuta, Cédric Bakambu ou Marcel Tisserand, tous nés en France (un pays qu’ils ont représenté, pour les trois premiers, dans les catégories de jeunes).
Florent Ibenge avait la particularité d’être à la fois sélectionneur de la RDC et entraîneur de l’AS Vita Club de Kinshasa, avec qui il a notamment remporté deux titres de champion de RDC (2015, 2018) et une Supercoupe de RDC (2015). Une double casquette qui l’a usé physiquement et psychologiquement, ainsi qu’il l’a confié à plusieurs de ses proches. « Les années comptent double, en RDC, quand on est sélectionneur, tellement la pression est énorme. Alors imaginez ce que cela représente quand on coache aussi un des plus grands clubs du pays », disait-il régulièrement lors de discussions informelles.
S’il est toujours contractuellement lié à l’AS Vita Club, le technicien pourrait partir prochainement à l’étranger. Même s’il a nié être en contact avec les clubs sud-africains Kaizer Chiefs et Orlando Pirates, son profil plaît en Afrique, qu’il s’agisse de clubs ou de sélections. Mais avant de refermer la porte du bureau de Constant Omari, Florent Ibenge a répété à son ancien patron qu’il continuerait de servir le football congolais, d’une façon ou d’une autre.