400 migrants bloqués à bord de navires humanitaires en Méditerranée, sans port d’accueil
400 migrants bloqués à bord de navires humanitaires en Méditerranée, sans port d’accueil
Le Monde.fr avec AFP
L’« Ocean-Viking » a effectué trois sauvetages en trois jours. Les conditions météorologiques favorables actuellement en Méditerranée incitent les migrants au départ.
A bord de l’« Ocean-Viking », le 12 août 2019. / ANNE CHAON / AFP
Plus de 400 migrants sont hébergés sur les navires humanitaires Open-Arms et Ocean-Viking après un troisième sauvetage, près de la Libye, effectué dimanche 11 août par ce dernier bateau. Aucune solution n’est en vue pour leur accueil.
Même si les capacités d’accueil optimales – 200 passagers environ – sont dépassées pour des personnes fatiguées, le coordinateur des opérations de recherche et de secours de l’ONG SOS Méditerranée, Nicholas Romaniuk, a décidé de continuer à patrouiller dans une zone située à 60 milles marins (environ 110 km) de Tripoli afin de secourir potentiellement d’autres embarcations.
« Nous sommes les seuls présents dans la zone, les garde-côtes libyens ne répondent pas », a-t-il expliqué, faisant également valoir des conditions météo favorables qui peuvent inciter au départ. En outre, la célébration de l’une des principales fêtes du calendrier musulman, l’Aïd-el-Kébir, allège en partie la surveillance sur les plages libyennes.
L’Ocean-Viking, des organisations humanitaires SOS Méditerranée et MSF (Médecins sans frontières), a procédé à son troisième sauvetage en trois jours dimanche.
Bateaux bricolés « à la main »
« Nous avons une veille vingt-quatre heures sur vingt-quatre et deux radars qui couvrent la zone. Ce matin, c’est la présence d’un avion de reconnaissance à basse altitude qui nous a alertés et conduits plus au nord », explique « Nick ».
A bord d’un bateau en caoutchouc bleu de six à sept mètres de long s’entassaient 81 jeunes hommes qui ont applaudi les marins sauveteurs en les voyant approcher, prenant des selfies avec leur téléphone, inconscients des dangers encourus. Certains portaient des bouées en caoutchouc noir autour du cou, absolument inefficaces, selon les sauveteurs. Majoritairement Soudanais, âgés aux trois quarts (81 %) de 18 à 34 ans, ils ont dit avoir quitté les côtes libyennes samedi soir.
« Ces bateaux sont bricolés à la main par les passeurs qui assemblent quelques pièces de caoutchouc entre elles. Jamais aucun n’obtiendrait la moindre certification pour transporter des passagers », affirme Nicholas.
La plupart des rescapés de l’Ocean-Viking sont soudanais (aux deux tiers), même si le premier bateau secouru vendredi transportait aussi des Sénégalais et des Ivoiriens, venus travailler en Libye et rattrapés par la guerre.
Blessures de torture
Selon le médecin de Médecins sans frontières, Luca, « les personnes secourues souffrent de déshydratation et beaucoup de la gale ». Il a aussi « noté de nombreuses blessures héritées de tortures ».
L’acteur américain Richard Gere a évoqué ces mauvais traitements samedi en conférence de presse à Lampedusa, avec les dirigeants de l’ONG Proactiva Open Arms, dont le navire humanitaire fait du surplace près de cette île du sud de l’Italie, avec 160 migrants à son bord, dont 121 sont « au point de rupture », après dix jours en mer.
« La plupart en parlent comme des migrants mais pour moi ce sont des réfugiés en fuite. Des gens extraordinaires », a déclaré la star d’Hollywood. « Ils sont si forts, ils ont vécu des horreurs, un enfer, la torture, les viols, l’emprisonnement… » Il faut arrêter « la déshumanisation » et « arrêter de diaboliser des êtres humains ». Depuis le début de l’année, près de 600 personnes sont mortes noyées au large de la Libye.
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