Les sympathisants socialistes gagnés par la défiance à l’égard du politique
Les sympathisants socialistes gagnés par la défiance à l’égard du politique
Pour 65 % des socialistes, le système démocratique fonctionne plutôt mal en France, selon notre enquête, réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po.
Le 16 avril, place de la République à Paris, rassemblement de la Nuit debout. | ALAIN JOCARD / AFP
Remobiliser la gauche : François Hollande n’a pas le choix s’il veut aborder la présidentielle dans des conditions honorables. Mais l’entreprise sera difficile, comme le démontre notre enquête annuelle « Fractures françaises » – la quatrième du genre depuis janvier 2013, réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, Sciences Po et la Fondation Jean-Jaurès.
- Un jugement sévère sur les acteurs de la vie politique
Les sympathisants socialistes portent désormais un jugement très sévère sur la vie politique et ses acteurs. Ainsi, pour 65 % d’entre eux, le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et ils ont l’impression que leurs idées ne sont pas bien représentées. C’est moins que chez Les Républicains (79 %) et au Front national (97 %), mais c’est un sentiment qui a progressé de 26 points depuis janvier 2013. De même, ils sont 77 %, en hausse de 18 points, à juger que les responsables politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. Enfin, 60 % des sympathisants PS, en hausse de 20 points, considèrent désormais que la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus (contre 68 % chez LR et 85 % au FN).
L'enquête annuelle « Fractures françaises » de 2016, réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po. | Le Monde
- Une vision pessimiste de la France
Le regard porté par les sympathisants socialistes sur la France n’est pas moins pessimiste. Seulement 31 % (– 11 points en un an) pensent que le pays « n’est pas en déclin », contre 52 % qui jugent qu’il est en déclin mais que ce n’est pas irréversible et 17 % pour qui ce déclin est irréversible.
- La persistance du clivage droite gauche
Le clivage droite-gauche demeure en matière de politique économique, mais avec des évolutions très significatives au sein de la gauche. Ainsi, 70 % au FN et 79 % chez Les Républicains estiment que, « pour relancer la croissance, il faut limiter au maximum le rôle de l’Etat dans l’économie et donner aux entreprises le plus de liberté possible ». Cette opinion n’est partagée que par 11 % au Front de gauche, mais par 46 % des socialistes, avec une hausse de 23 points en deux ans.
De même, gauche et droite se partagent de façon très nette sur les questions relatives à l’immigration et à l’islam. 63 % des personnes à gauche estiment qu’il n’y a pas « trop d’étrangers en France », contre 24 % chez Les Républicains et 1 % au FN. Un tiers des sympathisants de gauche assurent que, « aujourd’hui, on ne se sent plus chez soi comme avant », contre 73 % à LR et 98 % au FN. Quant à la religion musulmane, 59 % à gauche pensent qu’elle est « compatible avec les valeurs de la République », contre 35 % chez Les Républicains et 15 % au FN. Sur ces questions-là, au moins, les frontières restent nettes et la gauche ne cède pas au mouvement de rétraction de la société française.
L'enquête annuelle « Fractures françaises » de 2016, réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po. | "Le Monde"