Le Crédit mutuel Arkéa pose un ultimatum au Crédit mutuel
Le Crédit mutuel Arkéa pose un ultimatum au Crédit mutuel
Par Jade Grandin de l'Eprevier
Trois fédérations de l’Ouest, qui souhaitent faire sécession avec le groupe Crédit mutuel, lui ont donné jusqu’au 26 mai pour répondre à leurs exigences.
Enseigne Crédit mutuel, à Paris, en 2010. | ETIENNE LAURENT / AFP
L’ultimatum n’a pas fait mouche. Réuni mercredi 18 mai, le conseil d’administration de la Confédération nationale du Crédit mutuel, organe de tête de la banque, a balayé d’un revers de main la proposition de divorce à l’amiable du Crédit mutuel Arkéa. Ce dernier, qui regroupe les trois fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, clame son autonomie et réclame son indépendance depuis des années.
Dans son communiqué, la Confédération explique que son président, Nicolas Théry, a rencontré Jean-Pierre Denis, patron d’Arkéa, le 3 mai. Ce dernier lui aurait donné jusqu’au 26 mai pour accepter un marché. Parmi les conditions, « la reconnaissance par la loi d’un nouvel organe central », qui s’appellerait Arkéa. Toutefois, les fédérations et caisses locales d’Arkéa pourraient continuer à utiliser l’appellation « Crédit mutuel ». Elles s’engageraient à ne pas intervenir dans le reste du territoire « sous le nom Crédit mutuel ». De son côté, le Crédit mutuel s’engagerait à ne pas intervenir dans les onze départements couverts par les trois fédérations d’Arkéa.
Les discussions se poursuivent
En échange, aurait proposé M. Denis, Arkéa retirerait tous ses recours juridiques contre le Crédit mutuel. Mais, à défaut d’accord avant le 26 mai, les procédures contentieuses seraient poursuivies par le Crédit mutuel Arkéa.
Le hic ? Il faut être deux pour rompre un mariage. Et la Confédération s’y refuse. Dans son communiqué, elle constate « qu’aucune instance représentative du Crédit mutuel Arkéa (caisses locales, fédérations, caisse fédérale) n’a adopté de demande formelle de séparation ». Et si Arkéa partait malgré tout, l’établissement devrait laisser derrière lui la marque Crédit mutuel, estime la Confédération, et donc la notoriété qui va avec.
La Confédération souligne ainsi « qu’une demande de séparation des caisses locales (…) entraînerait automatiquement la remise en cause de l’utilisation de la marque Crédit mutuel, ce qui porterait atteinte à leur image commerciale et mutualiste et donc à leur développement ».
Fin de l’histoire ? Pas nécessairement. La Confédération a donné mandat à son président, Nicolas Théry, pour poursuivre les discussions avec le Crédit mutuel Arkéa. De même, Jean-Pierre Denis pourrait tout de même obtenir son divorce « si le législateur accepte de faire évoluer la loi pour qu’il existe deux Crédit mutuel ; ou bien si l’organe central décide d’expulser une fédération qui ne se conformerait pas aux règles du groupe, a expliqué une source publique aux Echos. Dans ce cas, il faudrait que son agrément soit réexaminé. Cela créerait un énorme contentieux. » Le divorce finira-t-il au tribunal ?