Teddy « Winner »
Teddy « Winner »
Par Mustapha Kessous
Le réalisateur Yann L’Hénoret a suivi, pendant trois ans, le quotidien du Français, huit fois champion du monde de judo (dimanche 22 mai à 20 h 50 sur Canal+).
Dans l'ombre de Teddy Riner - Le Documentaire - Bande Annonce CANAL+
Durée : 00:41
Le réalisateur Yann L’Hénoret a suivi, pendant trois ans, le quotidien du Français, huit fois champion du monde de judo.
Il s’aime, se trouve beau et l’assume. Arrogant, Teddy Riner ? Ce serait mal le connaître que de le qualifier de sportif prétentieux et mégalomane. Pourtant avec, entre autres, huit titres de champion du monde et une couronne olympique, le judoka pourrait se sentir une tête aussi grosse que ses médailles d’or, et se pavaner à la façon du footballeur Zlatan Ibrahimović en se prenant pour la plus grande des légendes. Teddy Riner est tout le contraire : il sait qui il est. Depuis sa jeune enfance, ce géant de 2 m 03 a appris l’art de l’humilité. La modestie est d’ailleurs l’une des huit valeurs fondamentales qui définissent le code moral du judo.
Le judoka français Teddy Riner, détenteur de huit titres de champion du monde, lors d’une démonstration avec son sparring partner Nico Kanning, sous la voûte du Grand Palais, à Paris. | Stephane Grangier / ©Stephane Grangier
Le jeune garçon de 27 ans sait parler de lui-même sans orgueil, ainsi que le révèle le documentaire Dans l’ombre de Teddy Riner, pour lequel le réalisateur Yann L’Hénoret a suivi dans l’intimité le prodige des tatamis durant trois ans, de 2013 à 2016. On y découvre un athlète extrêmement protégé par sa famille et surtout par ses parents, sa mère préparant encore, avant un grand tournoi, le sac de compétition du fiston. « Les contractions, je les ai toujours », dit-elle en éclatant de rire.
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Durée : 02:20
Teddy Riner, c’est une machine qui se règle avec la plus grande des minuties à chaque entraînement. Son gabarit hors norme a fait de lui un champion précoce. A 15 ans, il entre à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) qui assiste les sportifs de haut niveau. A cette époque, le cadet s’entraîne avec des adultes qui n’hésitent pas à le casser. Une épreuve que l’adolescent vit mal, au point de devoir consulter une psychologue, qui le suit encore aujourd’hui. Le moindre pépin physique est pris au sérieux. A 18 ans seulement, il remporte son premier titre mondial. Du jamais-vu.
Les coulisses
Il veut tout gagner. Ne rien laisser à ses adversaires. De Rio à Tokyo, en passant par la Guadeloupe, son île natale, Teddy Riner est obsédé par la première place et par l’entraînement. Le jour où sa compagne doit se rendre à l’hôpital pour accoucher, il pense à aller s’exercer dans son club de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Suivre le champion du monde de judo permet aussi d’entrer dans les coulisses du sport de très haut niveau. Ainsi, lors de grandes compétitions, nous est-il donné de découvrir la façon dont le Français parvient à gérer la fatigue, le stress, les doutes entre les combats, en se mettant dans sa bulle et en écoutant… Les Sardines, la chanson de Patrick Sébastien. « Déconneur » qui ne se prend jamais au sérieux, Teddy Riner reste le même où qu’il puisse se trouver sur la planète : un garçon simple qui regarde un dessin animé avant de se coucher dans sa chambre d’hôtel et qui aime chanter du Daniel Balavoine ou du Claude Dubois.
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Ode dédiée au judoka, ce long film à l’esthétique très soignée montre un sportif sensible qu’il ne faut cependant pas trop « chercher ». Pour preuve, cet épisode : Teddy, alors adolescent, se retrouve en finale du championnat Ile-de-France face à un certain Damien. Le père de ce dernier lance à l’oncle du futur champion olympique « mon petit gars » va « casser la gueule de ton petit black ». Une provocation que l’oncle s’empresse de rapporter à son neveu. Teddy Riner remportera le combat en réalisant une prise de soumission sur son adversaire : tout en l’étranglant, il regardera le père de Damien pour lui envoyer un message très clair : « Fallait pas dire ça. »
Dans l’ombre de Teddy Riner, de Yann L’Hénoret (France, 2016, 110 min). Le dimanche 22 mai à 20 h 50 sur Canal+.