Demos, numéro 2 de la formation continue, sauvé par le groupe chinois Weidong
Demos, numéro 2 de la formation continue, sauvé par le groupe chinois Weidong
Par Francine Aizicovici
Au bord du dépôt de bilan en 2015, le groupe français a bien débuté 2016. Reste à régler les dettes accumulées vis-à-vis de ses formateurs. Cela devrait être fait au cours de l’été.
2016, année du renouveau pour Demos ? Numéro 2 de la formation professionnelle derrière Cegos, ce groupe, qui a frôlé le dépôt de bilan en 2015 après trois années de pertes, espère bien rebondir grâce à son passage sous pavillon chinois. Le groupe Weidong Cloud Education, leader de l’éducation par Internet en Chine, a en effet pris le contrôle de Demos, à l’issue d’une offre publique d’achat simplifiée close le 1er juillet. Avec cette opération, lancée à travers la structure d’investissement française Penthièvre, Weidong, qui a injecté 16,5 millions d’euros pour régler la dette bancaire de Demos, détient à ce jour 56 % du capital de son partenaire.
Comme Cegos et nombre d’acteurs du secteur, Demos a connu une baisse d’activité l’an passé liée en partie à l’attentisme des entreprises face à l’entrée en application le 1er janvier 2015 de la loi sur la formation professionnelle de 2014. Mais si Demos s’est refusé de baisser les honoraires de ses formateurs indépendants au contraire de Cegos, ces derniers ont quand même souffert en patientant de longs mois avant de recevoir leurs honoraires.
Aucun licenciement envisagé
Les discussions avec Weidong durant le second semestre 2015 ont été plus longues que prévu, a indiqué Demos dans un courrier aux formateurs daté de février 2016. Ce qui a entraîné des problèmes de trésorerie et des « retards de paiement de [ses] fournisseurs ». Alerté par des formateurs en difficulté, le Syndicat des consultants formateurs indépendants (Sycfi) indiquait alors, sur son site, que ces retards pouvaient « dépasser les 100 jours et pour des montants parfois supérieurs à 10 000 euros ». Le groupe avait assuré que ces retards seraient résorbés au cours des « semaines suivantes », ce qui n’a pas été le cas.
Pour le nouveau directeur général de Demos, Dai Shen, également vice-président de Weidong, son « premier chantier » est de régler ses dettes à ses formateurs indépendants, ses « forces vives », comme il les désigne. Au groupe chinois, qui a injecté 16,5 millions d’euros dans la trésorerie, « j’ai demandé un soutien de 5 millions d’euros supplémentaires » pour régler ces retards, explique M. Shen.
« Toutes les factures seront payées durant l’été, c’est un engagement que j’ai pris personnellement. Et nous avons remboursé toutes les dettes bancaires. Il n’y aura ni plan de licenciement en interne ni arrêt d’activités de formateurs externes. »
Pour Demos, qui a enregistré un chiffre d’affaires de 94,1 millions d’euros en 2015 (– 1 % à périmètre constant par rapport à 2014), 2016 débute bien. « Notre carnet de commande de formations interentreprises est reparti à la hausse sur les premiers mois de 2016 », se félicite le directeur général. Et la demande de cycles qualifiants, que favorise la réforme, est « très bonne ».
Pour M. Shen, qui a déjà travaillé chez Demos, notamment en Asie, de 1993 à 2010, l’alliance avec Weidong permet de sauver et de développer le groupe français. Il est déjà présent dans 12 pays et impliqué dans la formation en ligne. Weidong, spécialisé dans l’éducation et fort d’une puissante plate-forme technique, va, lui, pouvoir s’implanter hors de Chine et se lancer dans la formation professionnelle.
« Ce mariage nous permet de proposer une offre internationale complète en traduisant et en adaptant les contenus » de l’un et de l’autre partenaire, estime M. Shen.