Présidentielle gabonaise : MM. Ping et Bongo d’accord pour recompter, mais pas sur la méthode
Présidentielle gabonaise : MM. Ping et Bongo d’accord pour recompter, mais pas sur la méthode
Le Monde.fr avec AFP
Le président réélu propose un recomptage complet, tandis que son adversaire demande le réexamen des bulletins de la province du Haut-Ogooué.
Les avocats d’Ali Bongo et Jean Ping sont d’accord pour recompter des voix du scrutin présidentiel du 27 août, ont-ils indiqué mardi 20 septembre à l’AFP, mais sans être parvenus à s’entendre sur les modalités alors que le délai de la Cour constitutionnelle pour examiner le recours présenté par le perdant de l’élection, Jean Ping, arrive à son terme vendredi.
« Les parties sont tombées d’accord pour le recomptage des voix », a indiqué à l’AFP l’avocat de Jean Ping, Me Jean-Rémy Bantsantsa, ce que confirme l’avocat d’Ali Bongo, Me Francis Nkea, joint juste après.
Jean Ping avait saisi la Cour le 8 septembre pour demander le recomptage des voix dans la province du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo, où son adversaire avait obtenu 95,46 % des voix avec 99,83 % de participation, selon les résultats officiels provisoires de la Commission électorale nationale autonome et paritaire (Cénap).
Ce score lui a permis d’emporter la victoire avec environ 6 000 voix d’avance, selon ces mêmes résultats de la Cénap. Leur proclamation le 31 août par le ministre de l’intérieur avait provoqué plusieurs journées de manifestations chez les opposants au président sortant. Sévèrement réprimés, les rassemblements avaient donné lieu à des affrontements avec les forces de police qui ont fait, selon les sources, entre trois morts et cent morts.
« Eviter la discrimination »
« On est d’accord pour le recomptage, mais dans les 2 579 bureaux de vote, a indiqué à l’AFP l’avocat d’Ali Bongo, c’est-à-dire dans le tout le pays. Il faut éviter de faire de la discrimination entre le Haut-Ogooué et les huit autres provinces ».
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Sur quelle base doit se faire le recomptage ? Cette question divise aussi les deux parties dans le secret des travaux à l’intérieur de l’imposant édifice qui abrite la Cour constitutionnelle sur le bord de mer, à Libreville.
« Nous voulons la confrontation des procès-verbaux alors qu’ils ne veulent travailler que sur les procès-verbaux de la Cénap », précise à l’AFP un porte-parole de l’équipe de campagne de Jean Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi. « La loi dit que le recomptage se fait sur la base des procès-verbaux de l’administration », rétorque l’avocat d’Ali Bongo. Soit ceux « de la Commission électorale ».
La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, et les autres juges, ont donc encore deux jours pour trancher, mais des rumeurs évoquent un report de leur décision.
Par ailleurs, la Cour a refusé la proposition de l’Union africaine (UA), émise vendredi dernier, de garantir la transparence du processus de recomptage, arguant que la vérification ne porterait que sur la validité des procès-verbaux.
« Les juges de la Cour constitutionnelle rendent leur verdict au nom du peuple. Ils prêtent serment. Ce que ne font pas les juristes de l’Union africaine, a assuré mardi un représentant de l’institution à RFI. Un travail pour lequel la venue d’experts de l’UA n’est pas nécessaire. »