Alain Juppé : « Je suis le seul qui peut battre largement Marine Le Pen »
Alain Juppé : « Je suis le seul qui peut battre largement Marine Le Pen »
Par Alexandre Lemarié
Dans un long entretien au « Monde », le candidat à la primaire à droite dénonce le « durcissement » du discours de son rival Nicolas Sarkozy.
Alain Juppé, dans son bureau de campagne, boulevard Raspail à Paris, le 21 septembre 2016. | GUILLAUME HERBAUT / INSTITUTE POUR LE MONDE
Héraut de « l’identité heureuse », Alain Juppé met en garde en garde contre l’hystérisation du débat sur l’islam, dans un contexte sécuritaire tendu. « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile », s’alarme-t-il dans un long entretien au Monde. Immigration, sécurité, identité… Le favori de la primaire à droite condamne « le durcissement » du discours de Nicolas Sarkozy, en pointant le manque de « cohérence » de son principal rival. Le maire (Les Républicains) de Bordeaux se pose, à l’inverse, comme un « rassembleur », capable de « rassurer » les Français.
- « Je suis le seul qui peut devancer Marine Le Pen au premier tour »
Alors que tous les sondages donnent Marine Le Pen qualifiée pour le second tour de la présidentielle, Alain Juppé se considère comme le mieux à même de la « battre largement ». « Je suis le seul qui peut la devancer au premier tour de la présidentielle et la battre largement au second. C’est très important pour l’avenir, et cela comptera dans le choix des électeurs de la droite et du centre en novembre, puis dans le choix des Français l’an prochain », déclare-t-il.
- « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile »
Alors que la campagne de la primaire à droite se focalise sur le thème de l’identité, Alain Juppé assume plus que jamais son concept d’« identité heureuse ». « Je ne serai pas un prophète de malheur. Je veux donner aux Français une espérance dans l’avenir », affirme-t-il, en rappelant que « l’identité heureuse n’est pas un constat » mais « un objectif ».
L’ex-premier ministre appelle à « calmer le jeu » sur la question de l’islam. « Il faut absolument apaiser le climat qui règne aujourd’hui en France. Le simple mot de “musulman” suscite une hystérie disproportionnée ! », regrette-t-il. Avant de mettre en garde : « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile. Moi, je veux la paix civile. »
M. Juppé déplore les déclarations de son rival pour la primaire à droite, Nicolas Sarkozy, selon lesquelles, « dès qu’on devient Français, nos ancêtres sont gaulois », en rappelant que l’ancien chef de l’Etat « déclarait exactement le contraire il y a quelques années ».
- Avec Jacques Chirac, « c’est un lien quasiment filial »
Se disant « très préoccupé » par l’état de santé de Jacques Chirac, son ancien premier ministre explique qu’ils ont tous deux « créé au fil des années, depuis quarante ans, une relation très particulière, de confiance et d’affection ». « C’est un lien quasiment filial. Nous avons quinze ans de différence, ce n’est pas tout à fait mon père mais presque, et aucune épreuve ne nous a séparés », poursuit. Avant de se poser en héritier naturel de l’ancien président de la République : « Je ne lui ai jamais failli, il ne m’a jamais failli. »