Les grands acteurs du Net tirent près d’un quart de leurs revenus des biens culturels
Les grands acteurs du Net tirent près d’un quart de leurs revenus des biens culturels
LE MONDE ECONOMIE
Créateurs et ayant-droits ne sont guère concernés par les retombées sonnantes et trébuchantes de ces gains faramineux.
Alors que la bataille sur le transfert de la valeur entre créateurs et géants du Net rebondit en Europe, avec la révision des deux directives sur le droit d’auteur et sur les services médias audiovisuels, voici une étude commandée par le Groupement européen des sociétés d’auteurs et compositeurs (Gesac) – dont la mission est de défendre les intérêts des sociétés collectant les droits d’auteurs – qui tombe à point nommé.
Selon cette étude réalisée par le cabinet Roland Berger et dévoilée mercredi 28 septembre, les biens culturels (musique, presse, télévision, cinéma, livres, jeux vidéo) consommés de manière légale dans l’Hexagone ont rapporté près de 500 millions d’euros aux grands acteurs du Net (Google, Facebook, YouTube), soit 23 % de leurs revenus en 2014. Sur la même période, leur chiffre d’affaires total est estimé à 2,1 milliards d’euros par le cabinet.
Au niveau européen, le chiffre d’affaires des grands acteurs du Web est évalué à 21,985 milliards d’euros. Google se taille la part du lion avec 15,47 milliards d’euros et Facebook atteint 2,45 milliards d’euros de revenus sur le Vieux Continent. Loin devant la plate-forme de vidéo YouTube, propriété de Google, et ses 720 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Les plates-formes vidéos et les agrégateurs très dépendants
« En Europe, les contenus culturels participent directement à 23 % de la création de revenu des intermédiaires, et 40 % indirectement », poursuit l’étude. Ce sont ainsi 5 milliards d’euros que Google et ses épigones ont engrangés directement grâce au trafic et aux liens sponsorisés, consultés tous les jours par les internautes.
Proportionnellement, ce sont les plates-formes vidéos et les agrégateurs de contenus qui dépendent le plus, pour leurs revenus, des industries culturelles. Celles-ci représentent respectivement 66 % et 75 % de leurs chiffres d’affaires en France et en Europe, selon l’étude. Sur Facebook, 39 % des contenus publiés ou partagés en France sont liés à ces mêmes biens culturels (51 % en Europe) et sur Google, environ 19 % des clics sur liens sponsorisés dirigent vers des pages liées à eux (18 % pour l’Europe).
Les sociétés qui collectent des droits d’auteurs (Sacem, Scam, Spedidam, Saif, Sppf, et Adami), assurent que ces géants du Net ne rémunèrent pas suffisamment les créateurs et les industries culturelles au regard de leurs gains. Pour la Sacem, il convient de « rééquilibrer des rapports asymétriques », au moment où la Commission européenne entend justement édicter de nouvelles règles sur le droit d’auteur et entrebâille la porte à une révision de la responsabilité des grands acteurs du Net. La Sacem a calculé, par exemple, que le streaming gratuit – cela vise essentiellement la plate-forme YouTube – rémunère 18 fois moins les créateurs que le streaming payant.