LA LISTE DE NOS ENVIES

Du street art au château de Vincennes, du théâtre à Marseille, la magie surréaliste de Magritte ou des pianos insomniaques à Paris… Nos sélections de sorties pour ce week-end.

THÉÂTRE. Un beau week-end à Marseille

C’est un moment fort de l’automne marseillais : Actoral, festival des arts et des écritures contemporaines, présente chaque année un programme éclectique, où l’on peut faire de belles découvertes.

Une bonne dizaine de propositions sont offertes ce week-end, dont la reprise de Time’s Journey Through a Room, le spectacle du Japonais Toshiki Okada, qui développe une réflexion très fine sur l’après-Fukushima, (vendredi 30, à 21 heures, au Théâtre Joliette-Minoterie) ; Bambi § Co, une lecture de Toutes les femmes sont des Aliens, par son auteure, Olivia Rosenthal, accompagnée par le musicien Antoine Oppenheim (vendredi 30, à 19 h 30, au Théâtre Joliette-Minoterie) ; une autre lecture, dirigée par Julie Kretzschmar, d’un texte de Davide Carnevali, Portrait d’une femme arabe qui regarde la mer (samedi 1er, à 19 h 30, Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône)…

De la musique et des arts plastiques sont aussi au rendez-vous de ce festival qui essaime avec bonheur dans les salles de Marseille. Brigitte Salino

Actoral, Marseille. Billetterie : Montévidéo, 3, impasse Montévidéo, 13 006 Marseille. Tél. : 04-91-94-53-49.

CONTES. Le festival Rumeurs urbaines dans les Hauts-de-Seine et le Val-d’Oise

« Les yeux plus gros que le ventre », un spectacle de Lénaïc Eberlin (compagnie Bardaf). | COMPAGNIE BARDAF

Pour sa 17e édition, le festival du conte et des arts de la parole, Rumeurs urbaines, créé et dirigé par le comédien et conteur Rachid Akbal (compagnie Le Temps de vivre), s’installe, du 1er au 22 octobre, dans une quinzaine de villes en Ile-de-France.

Au programme, une vingtaine de spectacles et d’artistes venus de France et de l’étranger (Belgique, Québec, Burkina Faso, etc.). Le spectacle d’ouverture sera une création de la compagnie Bardaf, Les Yeux plus gros que le ventre, présentée samedi 1er octobre à 19 heures à la Maison du développement culturel (MDC) de Gennevilliers. Le conteur-cuisinier Lénaïc Eberlin revisite l’histoire d’Hansel et Gretel en jouant avec de la barbe à papa, de la guimauve, du sucre et du pain d’épices… Avis aux amateurs de chamallows et autres confiseries. A noter aussi, le samedi 8, une Nuit du conte, au Tapis rouge à Colombes, qui réunit sur scène, de 19 heures à 2 heures du matin, plusieurs conteurs et conteuses pour une traversée nocturne en histoires et en musique. Cristina Marino

Rumeurs urbaines, festival du conte et des arts de la parole, du 1er au 22 octobre. Rumeursurbaines.org et fr-fr.facebook.com/rumeurs.urbaines

ARTS. Magritte, faussaire de génie au Centre Pompidou à Paris

« Les Marches de l’été » (1938), de René Magritte. | CENTRE POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE/PHOTO : PHILIPPE MIGEAT © ADAGP, PARIS 2016

Magritte (1898-1967) a passé son temps à créer le trouble. Il s’est appliqué à dénoncer les illusions de la peinture et les conventions du langage : les images nous leurrent et les mots abusent de notre crédulité.

Une centaine d’œuvres, principalement des toiles, sont disposées, dans l’exposition que lui consacre le Centre Pompidou, dans un ordre qui n’est pas chronologique mais logique. L’obsession, ici, c’est la fausseté. Aussi l’exposition a-t-elle pour titre celui d’un Magritte entre tous exemplaire, « La Trahison des images ». On le connaît sous un autre nom, « Ceci n’est pas une pipe », négation écrite en lettres rondes d’écolier sous la représentation minutieuse d’une pipe. Trahison ? Magritte, fatigué de devoir s’expliquer, finit par s’en tenir à un raisonnement simple : ceci n’est pas une pipe puisque nul ne peut la fumer. L’image trahit en se prétendant le double de l’objet alors qu’elle n’en est, tout au plus, qu’une indication partielle. Trompe-l’œil et trompe-l’esprit. Philippe Dagen

Centre Pompidou, Galerie 2. Paris 4e. Tous les jours (sauf mardi) de 11 heures à 21 heures. Nocturne jusqu’à 23 heures les jeudis soir et lundis soir. Entrée : de 11 € à 14 €. Jusqu’au 23 janvier 2017.

MUSIQUES. Un trio de pianos insomniaques à la Philharmonie de Paris

Salle de concert de la Cité de la musique à Paris. | P. E. RASTOIN

La Philharmonie de Paris s’offre le luxe d’un trio de pianos insomniaques pour fêter la Nuit blanche, grande manifestation nocturne autour de l’art contemporain.

Première des performances, celle du Franco-Iranien Nima Sarkechik, dont l’intégrale pour piano de Brahms sera mise en dialogue avec d’autres univers musicaux, la danse ou l’art urbain. « Urban Brahms » invitera donc le jazzman Benjamin Moussay, Arash Sarkechik (frère de Nima), flûtiste de formation classique et jazz passé à l’électro, la danse d’Hervé Sika, Kaori Ito ou Jigsaw, les graffitis d’Ekis, du collectif grenoblois Contratak.

Autre partenaire de cette épopée, le Monégasque Nicolas Horvath : douze heures d’affilée pour faire défiler la totalité de l’œuvre du grand compositeur minimaliste américain Philip Glass. Et même les enfants ne seront pas couchés.

Les élèves du Conservatoire à rayonnement régional et du Conservatoire national supérieur de Paris formeront une chaîne au clavier pour dérouler les Vexations, d’Erik Satie, sur les images de Sleep, film muet conçu par Andy Warhol en 1963. Un lancinant motif joué 840 fois qui accompagne les plans du poète John Giorno en train de dormir. Plus qu’une élégante façon de rester éveillé, un véritable manifeste esthétique. Marie-Aude Roux

Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Tél. : 01-44-84-44-84. Du samedi 1er octobre à 19 heures au dimanche 2 octobre à 7 heures. Entrée libre. Toutes les manifestations de la Nuit blanche sur le site dédié.

HUMOUR. Gaspard Proust frappe tous azimuts

L’humoriste Gaspard Proust. | PASCALITO

Depuis le succès de son spectacle Gaspard Proust tapine il y a deux ans, le comédien n’était pas remonté sur scène. Il y revient et n’a rien changé, ou presque : ni son allure de dandy désabusé au rictus moqueur, ni sa tenue de jeune homme de bonne famille, ni son ton de je-m’en-foutisme cultivé, ni ses cibles de prédilection : la politique, la religion, les femmes, le sexe. Il a juste ajouté – avec brio – davantage de gestuelle, un ou deux personnages et quelques sujets devenus incontournables : les attentats, la présidentielle, les bobos, le mariage pour tous.

Plus grinçant, plus féroce, Gaspard Proust ? Non, tout autant qu’avant. La fureur du monde n’a pas freiné son goût pour la provocation. Mais en ces temps de violence, peut-être sommes-nous, nous public, devenus plus sensibles et plus réfractaires à la possibilité de rire de tout. Gaspard Proust frappe tous azimuts, sans tabou. Sandrine Blanchard

Comédie des Champs-Elysées. Jusqu’au 31 décembre, du mardi au samedi à 20 h 30. Tarifs : de 18 € à 45 €.

ARTS. ZEVS souffle le chaud et le froid au château de Vincennes

ZEVS

Après avoir longtemps perturbé l’espace public avec insolence et humour en réinventant les codes du graffiti et du street art, ZEVS poursuit aujourd’hui sa démarche du côté de l’art contemporain. L’économie de moyens faisait son panache, il s’attaque désormais aux signes et stratégies du pouvoir (commercial, politique, artistique…) avec des créations aussi sophistiquées que précieuses.

Son exposition « Noir Eclair » au château de Vincennes lui permet de prendre d’assaut un monument de l’histoire de France pour faire des allers-retours dans ses pratiques, entre rétrospective, travail in situ et présentation de ses projets en cours. Les graffitis sont fantomatiques (il révèle à la lumière noire des inscriptions dans une des cellules de ce qui fut une résidence royale, mais aussi une prison) ou « propres » (réalisés au Karcher), les offenses symboliques aux icônes, égéries ou logos déploient des trésors d’ironie. Emmanuelle Jardonnet

Exposition « Noir Eclair », jusqu’au 29 janvier au château de Vincennes.