Hollande et Merkel comptent sur Poutine pour prolonger la « pause humanitaire » en Syrie
Hollande et Merkel comptent sur Poutine pour prolonger la « pause humanitaire » en Syrie
Le Monde.fr avec AFP
Le président français et la chancelière allemande ont rencontré le président russe, mercredi à Berlin. Ce dernier s’est dit prêt à « prolonger la pause ».
Conférence de presse de Vladimir Poutine, à l’aéroport de Berlin-Tegel, le 20 octobre. | AXEL SCHMIDT / REUTERS
A l’issue d’entretiens qui se sont tenus à Berlin avec le président russe dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 octobre, Vladimir Poutine, le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, n’ont pas exclu, de mettre en place des sanctions contre la Russie en raison des bombardements que celle-ci mène contre les civils sur la ville d’Alep en Syrie.
« Tout ce qui peut être de l’ordre de la menace peut être utile », a déclaré à la presse à ce sujet François Hollande, tandis que Mme Merkel a jugé à ses côtés « qu’on ne peut pas se priver de cette option » à la veille d’un sommet de l’Union européenne (UE) qui va largement aborder la question des relations avec la Russie.
Cependant, de son côté, M. Poutine a indiqué, lors d’un point de presse séparé, être prêt à prolonger la « pause humanitaire » dans les bombardements sur Alep. La trêve russe était prévue pour durer onze heures. Mais l’armée syrienne a elle annoncé une trêve de huit heures par jour pendant trois jours, les 20, 21 et 22 octobre.
« Nous avons fait part de notre intention de prolonger, autant que possible, en fonction de la situation réelle sur le terrain, l’arrêt de nos frappes aériennes. Nous sommes prêts à le faire jusqu’à ce que nous constations une intensification des activités des groupes armés à Alep. »
La « pause humanitaire » doit permettre l’évacuation des civils et le retrait des rebelles des quartiers situés à l’est d’Alep, qui ont été ravagés par les bombardements des aviations russe et syrienne.
« Crimes de guerre »
François Hollande était allé jusqu’à qualifier de « crimes de guerre » les frappes russo-syriennes sur les quartiers de l’est d’Alep, tandis que Mme Merkel en dénonçait le caractère « inhumain ». Elle a parlé d’une conversation « claire et dure » avec M. Poutine. « Ce qui se passe à Alep est un crime de guerre. La première des exigences est la cessation des bombardements par le régime et ses soutiens » russes, a dit M. Hollande.
Mme Merkel a aussi insisté sur le « droit international » qui « définit très clairement les crimes de guerre », tout en soulignant que l’urgence était un cessez-le-feu pour pouvoir apporter une aide humanitaire d’urgence aux populations d’Alep.
Sur la question de possibles sanctions contre Moscou, M. Hollande a souligné que « des options seront forcément ouvertes par rapport à des individus, des responsables qui se livrent à ce type d’agissements et de crimes ».
M. Poutine a également dit compter sur les Etats-Unis pour qu’ils fassent « tout ce qu’ils ont promis pour que la soi-disant opposition modérée se sépare des terroristes » du Front Fatah Al-Cham – ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda –, assurant que cela permettrait « que nous continuions plus loin notre travail commun ».
Mme Merkel et M. Hollande se sont montrés prudemment optimistes sur les promesses russes. « Nous sortons de cet entretien avec l’impression qu’il peut y avoir une prolongation de la trêve, mais c’est au régime syrien et à la Russie d’en faire la preuve », a dit le président français à la presse. « Ce que j’ai compris c’est qu’il [Poutine] était disposé à aller au-delà des huit heures qui avaient été annoncées », a-t-il ajouté. « Combien de temps ensuite ? Pour nous, aussi longtemps qu’il est possible d’assurer cette trêve, mais c’est à lui d’en faire la démonstration avec le régime » syrien, a souligné M. Hollande.