General Electric se rapproche de Baker Hughes et parle de se renforcer dans le secteur pétrolier
General Electric se rapproche de Baker Hughes et parle de se renforcer dans le secteur pétrolier
Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Le conglomérat industriel américain a fait état jeudi de discussions avec son compatriote spécialiste des services para-pétroliers, en vue de « partenariats ».
Le quartier de Seaport Discrict, à Boston, où General Electric va déplacer son quartier général. | Bill Sikes / AP
L’appétit de General Electric (GE) semble insatiable. Après avoir racheté en 2015 le pôle énergie du français Alstom, le conglomérat américain a désormais des vues sur le groupe parapétrolier Baker Hughes. Les deux entreprises seraient en discussions avancées, selon des sources citées, jeudi 27 octobre par le Wall Street Journal. GE a confirmé dans la foulée qu’il étudiait des partenariats avec Baker Hughes, soulignant toutefois que « rien n’était conclu » à ce stade et qu’« aucune des options » envisagées « n’incluait un rachat pur et simple ».
Baker Hughes, dont le siège est à Houston (Texas), avait failli être racheté par son concurrent Halliburton en novembre 2014 pour former le leader mondial des services pétroliers. À l’époque, la société avait été valorisée à 35 milliards de dollars. Mais quelques mois plus tard, le Département américain de la justice avait engagé une procédure visant à empêcher l’opération, au motif que cette transaction aurait nui à la concurrence dans le secteur. La commission européenne avait également exprimé de fortes réserves, obligeant les deux groupes à finalement renoncer à leur mariage. Halliburton avait été obligé de verser un dédommagement de 3,5 milliards de dollars aux actionnaires de Baker Hughes.
Enjeu majeur
Cet échec constitue une véritable opportunité pour GE, qui depuis plusieurs années cherche à grossir à marche forcée dans ce secteur de l’énergie. Le groupe a ainsi dépensé plus de 10 milliards de dollars en rachetant une série de petits acteurs comme par exemple en 2011 John Wood Group pour 2,85 milliards ou encore Lufkin Industries, un fabricant de pompe à pétrole en 2013 pour 3,2 milliards.
Le secteur du pétrole et du gaz est devenu un enjeu majeur pour le PDG de GE, Jeffrey Immelt depuis qu’il a décidé de recentrer le groupe sur les activités industrielles. Après avoir vendu ses filiales dans la finance et dans les appareils ménagers, l’entreprise a choisi de se focaliser notamment sur la fabrication de moteurs d’avion, les appareils médicaux ou bien encore la production de turbines à gaz. Toutefois, dans le monde des services et du matériel pétrolier, le groupe américain reste jusqu’à présent un petit acteur avec un modeste onzième rang mondial, selon le classement du cabinet de conseil Spears & Associates.
Après l’échec de la fusion avec Halliburton, il semble peu probable qu’un autre géant du secteur comme Schlumberger (le numéro un mondial) ou même Weatherford International (le numéro quatre) s’attaque à Baker Hughes ce qui, de fait, offre un boulevard à GE. D’ailleurs, dès le printemps, le groupe n’avait pas caché qu’il était à la recherche d’opportunités dans le secteur.
Secteur sous tension
GE, qui est en train de déménager son siège à Boston, profite d’une période chahutée pour saisir de nouvelles opportunités. Même si les prix du pétrole sont remontés ces derniers mois, le secteur reste sous tension. La chute du baril a obligé les majors du pétrole à réduire leurs investissements, qui sont de moins en moins rentables, créant une baisse d’activité pour leurs sous-traitants. Fragilisés ils sont contraints de se regrouper pour tenter de faire baisser leurs coûts.
Toutefois, la semaine dernière, GE a déclaré qu’il pense que le marché pétrolier a touché le fond et que la demande pour les équipements nécessaires à l’extraction pourrait repartir dès premier semestre 2018.
Reste que Baker Hughes est un gros morceau à avaler pour GE. Baker Hughes, qui emploie plus de 70 000 personnes dans près de 80 pays, est le troisième acteur mondial, valorisé en Bourse à plus de 23 milliards de dollars. Un rachat complet de l’entreprise pourrait aller chercher dans les 30 milliards de dollars, soit plus de deux fois la valeur payée pour Alstom, qui était déjà la plus grosse acquisition jamais réalisée par GE.
Or le groupe de Jeffrey Immelt s’est fixé comme objectif une enveloppe globale de 10 milliards de dollars pour procéder à d’éventuelles acquisitions sur les deux prochaines années sans modifier son programme de rachat d’actions ou de distribution de dividende. Le groupe pourrait donc être tenté de ne racheter que certaines activités de Baker Hughes. Quoiqu’il en soit, dans les transactions après Bourse, jeudi soir, le titre Baker Hughes s’envolait de 13,7 % à 62 dollars, tandis que l’action GE était en baisse de 1,4 % à 28,23 dollars.