Des batteries qui explosent, du fantasme à la réalité
Des batteries qui explosent, du fantasme à la réalité
Par Damien Leloup
La série d’explosions de batterie signalées ces derniers jours n’a en réalité rien de nouveau.
Une personne portant un costume de Galaxy Note 7 ayant explosé, dans les rues de Kawaski, au Japon, le soir d’Halloween. | KIM KYUNG-HOON / REUTERS
C’est la série : après le rappel total des téléphones grand format Galaxy Note 7 par Samsung, pour cause de batteries qui explosent, les témoignages de personnes victimes d’une explosion de batterie se multiplient. Dernier en date, l’utilisateur d’une cigarette électronique, à Toulouse, dont la batterie a explosé dans sa poche, le brûlant grièvement – un premier cas similaire avait déjà été signalé en septembre, relate La Dépêche du midi. Les batteries, toutes les batteries, seraient-elles dangereuses ? La réalité est plus complexe.
Car les problèmes de batteries qui explosent sont… tout sauf nouveaux. Dès les années 2000, plusieurs cas d’explosions ou de brûlures provoquées par des batteries de téléphones portables soulèvent des questions de sécurité. Une enquête du gendarme américain de la consommation conclura, en 2004, que dans la plupart des cas, il s’agissait de batteries contrefaites et défectueuses.
Mais avec le temps, et l’essor des smartphones dans le monde entier, les cas se sont multipliés – à tel point que des témoignages d’explosion ou de début d’incendie touchent la quasi-totalité des téléphones les plus vendus. iPhone 4, iPhone 5, iPhone 6, iPhone 7, Samsung Galaxy 2, téléphones HTC… Aucun constructeur, aucun modèle ne semble épargné par ces accidents qui restent, malgré tout, isolés.
Car, contrairement au Galaxy Note 7, pour lequel Samsung a identifié a posteriori un défaut majeur de conception qui a poussé le constructeur à rappeler l’ensemble des téléphones de ce modèle, les batteries de la plupart des téléphones et autres appareils électroniques sont sûres… jusqu’à un certain point.
Des risques bien identifiés
La quasi-totalité des batteries actuelles fonctionnent sur un même principe : des plaques de lithium baignant dans une solution liquide, qui stockent et délivrent l’électricité. Dans chaque batterie se trouvent deux électrodes, l’une qui se charge positivement (la cathode), et l’autre qui se charge négativement (l’anode). Pendant la charge, les ions de lithium passe de la cathode à l’anode ; quand la batterie est sollicitée, c’est l’inverse qui se produit. Les deux électrodes baignent dans un liquide qui facilite le déplacement des ions entre les deux électrodes, qui ne doivent pas se toucher directement.
Le fonctionnement de ces batteries est bien connu, et ses risques aussi : en cas de court-circuit, le liquide contenu dans la batterie chauffe très rapidement, dégage un gaz qui à son tour génère de la chaleur et peut faire exploser la batterie. Ces courts-circuits peuvent se produire pour différentes raisons : une charge trop rapide qui provoque une surchauffe ; un trou qui apparaît dans la paroi qui sépare les deux parties (positive et négative) de la batterie…
Hors défaut de conception, ces accidents restent extrêmement rares, rapportés au nombre d’appareils électroniques en circulation. Mais les blessures qu’ils peuvent provoquer sont potentiellement graves, notamment parce qu’ils sont utilisés à proximité du visage. Un signe avant-coureur peut donner l’alerte, le gonflement de la batterie ou de l’arrière du téléphone, causé par le dégagement de gaz à l’intérieur de la batterie. Il faut alors impérativement cesser d’utiliser l’appareil et faire changer la batterie.
Ces accidents sont-ils aujourd’hui plus fréquents que par le passé ? C’est impossible à affirmer avec certitude. Mais certains chercheurs soulignent que la volonté des constructeurs d’optimiser toujours davantage la capacité des batteries a conduit à une « course aux armements ». En cherchant à fabriquer des batteries qui se rechargent plus vite, les fabricants augmentent mécaniquement les risques de surcharge, estime notamment Lynden Archer, chercheur à l’université de Cornell, cité par The Verge.
Omniprésentes, les batteries devraient, à terme, utiliser des liquides moins sujets aux risques de surchauffe – des chercheurs travaillent, un peu partout dans le monde, à leur création.