Nicolas Sarkozy est une bénédiction pour les humoristes et les dessinateurs de presse. Qu’il remporte ou pas la primaire à droite pour l’élection présidentielle de 2017, l’ancien chef de l’Etat pourra se targuer – fait rare - d’avoir vu naître un journal à son nom. Vendu en kiosque lundi 9 novembre au prix de 3,50 euros, Sarko Hebdo se présente comme un pastiche de Charlie Hebdo. Sur la couverture de son premier numéro, le candidat y est représenté sous le titre « Tout m’est pardonné », allusion au « Tout est pardonné » qui barrait la une du « numéro des survivants », une semaine après l’attentat dont l’hebdomadaire satirique fut la cible.

Mêlant textes, dessins de presse et bande dessinée, Sarko Hebdo chante la gloire du candidat - au second degré on l’aura compris. Ses actions passées y sont louées avec emphase et son programme décrypté avec un zèle suspect qui fera sourire ses détracteurs (et peut-être aussi ses admirateurs). Tiré à 50 000 exemplaires, le titre émane de l’éditeur de bande dessinée Steinkis. Celui-ci avait déjà brocardé M. Sarkozy avec le P’tit Sarko, deux albums sortis en 2007 et 2012 dans lesquels la classe politique se trouvait incarnée sous les traits d’écoliers se chamaillant pour devenir le délégué de classe.

« Les outrances de Nicolas Sarkozy sont très inspirantes pour des dessinateurs. Elles dépassent même souvent, dans la réalité, celles qu’il est possible d’imaginer », souligne Moïse Kissous, le patron de Steinkis. Réunis autour du scénariste Gaston, l’un des trois auteurs du P’tit Sarko, une douzaine de dessinateurs et de journalistes – originaires de Montpellier pour la plupart - ont participé à ce faux journal satirique de droite. Tous ont utilisé des pseudonymes : Paul Perdreau pour Lewis Trondheim, Efcé pour Fabcaro, Jean-Benoît de Laurel pour Aurel (également dessinateur au Monde)… « Il y a un côté « retournement de veste » assez amusant », savoure M. Kissous.

Conçu il y a deux mois, à une époque où Nicolas Sarkozy était bien mieux placé qu’aujourd’hui dans les sondages, Sarko Hebdo restera peut-être sans suite. « Les résultats de la primaire nous diront si on fait un numéro deux ou pas, indique le patron de Steinkis. Si Alain Juppé l’emporte, il n’est pas impossible, en revanche, qu’on lance un Juppé Hebdo. » La personnalité moins clivante du maire de Bordeaux se prêtera-t-elle à autant d’humour féroce ?